Non, le rêve s'arrete lorsqu'elle s'éveille en sueurs.
Merci pour vos commentaires
Voici la suite
CHAPITRE II
Deux semaines passèrent. Je n’allais plus voir le prêtre, à la demande de mon père et au grand damne de ma mère. On ne parla plus de l’incident, considérant que cela n’avait été qu’un mauvais épisode dû à une accumulation de travail. C’est du moins ce que mon père disait pour couper court, lorsque ma mère tentait d’en parler. Son attitude me paraissait d’ailleurs très bizarre, mais je n’osais lui en toucher mot. Je ne lui dit pas non plus que je ne dormais pas la nuit, de peur de faire à nouveau un cauchemar ou bien d’être aveugle au réveil…
Cette crainte finit par s’estomper peu à peu, jusqu’à ce que je parvienne à dormir un nombre d’heure convenable, retrouvant ainsi bonne mine et bonne humeur.
Au lycée, j’avais pris soin de ne rien dire à qui que ce soit – bien que mes professeurs aient remarqué que je me servait de ma table de cours comme d'un repose-tête – pour éviter qu’on me plaigne ou qu’on me prenne pour une folle. La seule à qui j’avais confié ce secret était ma meilleure amie, Kay. Elle avait d’abord paniqué, un peu à l’image de ma mère, mais s’était vite fait la même idée que mon père.
- Tu m’étonnes ! avait-elle dit, ses heures sup’ avec ce prêtre ont dû te crever…
Ce prêtre justement, j’y pensais. Son ton déterminé était encore dans ma tête, lorsqu’il m’avait juré qu’il ferait tout pour m’inculquer les paroles saintes. Le désir que ma mère avait de me voir les apprendre me semblait tout aussi bizarre. Pourquoi un tel engouement ?
Lassée de me poser des questions, je voulu faire ma petite enquête, mais les indices étaient inexistants et le furent jusqu’aux grandes vacances.
A ce moment, peu après les examens, Kay m’invita à passer une semaine avec elle à la montagne, dans un chalet appartenant à son père. Ainsi, au milieu du mois de juillet, nous nous retrouvâmes chez elle, bagages prêts. Assise sur le lit, je lisais à voix haute une liste griffonnée sur un bloc note et Kay se chargeait des vérifications.
- Brosse à dents ?
- Check !
- Boussole ?
- Heu… ah ! ça y est… Check !
- Gants ?
- Check !
- Couteau ?
Kay haussa un sourcil.
- C’est vraiment utile ? On va pas s’faire attaquer non plus…
- Rho ça va… On sais jamais…
Elle me sourit d’un air amusé et fouilla à nouveau dans le sac.
- Je pense que c’est bon non ?
- Ouep. La liste est finie.
- Okay.
Elle leva vers moi un regard pétillant.
- Alors ? Go ?
- Go !
Nous partîmes donc, accompagnées par mon père, toutes excitées à l’idée de passer une semaine sans adultes. La seule personne capable de nous aider en cas de besoin était une vieille dame qui n’habitait pas loin du chalet et qui avait souvent gardé Kay quand elle était petite.
C’est au bout d’un long trajet (pendant lequel Kay et moi imaginions ce que nous pourrions bien faire une fois installées) que nous arrivâmes devant une jolie maison de bois, entourée d'arbres immenses.
- Ouaaaa...
- Oh regarde, y'a d'la neige là-bas !!!
- Ouiiiii je la vois !!!
Mon père se mit à rire en voyant notre émerveillement.
- Allez les filles, descendez, je dois vous donner vos affaires et filer dans pas longtemps.
Je le regardai d'un air étonné :
- Un dimanche ? Tu bosses ?
- Heu, oui, malheureusement. J'ai un diner d'affaire avec mon patron. Mais je passerai peut-être dans la semaine voir si tout va bien.
- Ah, okay.
Deux heures plus tard, mon père parti et nous déballâmes nos valises avec frénésie, pressées de sortir respirer l'air frais de la montagne. Kay s'appliquait à plier ses tee-shirts dans l'armoire tandis que moi j'étalais la quinzaine de produits de beauté que nous avions emporté sur l'étagère de la salle de bain. (
Qui sais qui l'on peut rencontrer ?)
Une fois notre petite maison toute rangée, nous sortîmes en courant, écharpes autour du cou.
- Regarde ce sommet !!! dis-je en montrant du doigt une lointaine pointe blanche qui dominait le paysage.
- C'est le Pic des Ombres...
- Hein ?!?!?
Kay éclata de rire en voyant ma tête.
- Oh ça va n'ai pas peur !!! Non je sais pas comment il s'appelle en fait...
Elle se mit à rire de plus belle. Je la regardai d'un air indifférent.
- Pfff. Même pas marrant.
- Non mais en fait c'est mon frère et moi qui l'avons appelé comme ça. Parce que, lorsque la lune est pleine, il y a des ombres étranges qui y circulent...
Elle marqua une pause et ajouta :
- ... c'est à cause des arbres il paraît.
Son ton me parut tout à coup trop sérieux.
- N'empêche, dis-je d'un air pensif, "Pic des Ombres", ça fait trop film d'angoisse...
J'imitais la musique de Psychose en grimaçant d'un air menaçant, les mains en griffes au-dessus de ma tête. Kay éclata de rire.
- Allez, j'ai faim poulette.
- Okay, on rentre.
C'est donc dans cette bonne humeur que nous retournâmes au chalet, et fîmes le plus gros plat de spaghettis qu'on ai jamais vu. Tout en mangeant à la lueur d'une lampe à pétrole, je lui racontai une histoire drôle, qui au final la fit tellement rire qu'elle recracha sa bouchée. Nous nous installâmes ensuite dans le canapé, fixant le mur.
- Je pensai que je pourrai me passer de la télé...
- Eh ouais, dis-je en soupirant, va falloir se contenter des bouquins. Y'en a une bonne dizaine dans la chambre.
- J'ai pas le goût de monter les escaliers...
Elle me regarda et me fit un grand sourire.
- Ah non, rêve pas. Je suis trop bien calée là...
- Pfffouu...
Tout en boudant, elle fouilla la poche avant de son sweet et en sorti un baladeur.
- Je peux t'emprunter tes écouteurs ?
Je les lui donnais. Elle trifouilla les boutons, régla le son, et posa sa tête sur les coussins. J'entendis faiblement le début des Beatles.
Fatiguée et ennuyée, j'entrepris d'observer l'unique tableau de la pièce, accroché sur le mur à côté de la fenêtre. Une femme y était représentée, avec des contours très vagues. Elle était à moitié nue et semblait courir dans une sorte de forêt, son regard apeuré tourné vers l'arrière. Visiblement, elle fuyait. Quoi ou qui, le tableau ne le montrait pas.
Rassurant le tableau.Plongée dans ma réflexion, j'observais toujours la femme du tableau lorsque, du coin de l'oeil, je vis une ombre passer devant les volets entrouverts. Mon sang ne fit qu'un tour.
Kay, les yeux fermés, fredonnait "A hard day's night" en remuant la tête.
Ne pas paniquer...C'est alors que j'entendis des bruits de pas, comme quelqu'un qui se déplaçait avec discrétion et lenteur le long du balcon. D'un geste rapide et habile, je saisis la lampe et l'éteignit. La lumière de la lune filtra à travers les volets. Dans la pénombre, j'arrachai les écouteurs des oreilles de Kay, la relevant de force.
- Hey ! commença t-elle à râler.
- Chut... fis-je en mettant un doigt sur sa bouche.
- Mais qu'est-ce que...? demanda t-elle à mi-voix.
- Ecoute... murmurai-je d'une voix presque inaudible.
Il y eut quelques secondes de silence. Kay m'observait d'un air interrogateur, ne comprenant pas ce que tout cela signifiait. Puis soudain les pas reprirent, trainants sur le plancher du balcon avec lenteur. Kay se figea, les yeux exorbités par la terreur. Mon coeur battait si fort dans ma poitrine que j'en avais mal.
Avant qu'on ne puisse bouger, crier, ou faire quoique ce soit, le bruit cessa aussi soudainement qu’il était apparu. Nous n'osâmes dire mot pendant presque deux minutes, terrorisées.
Kay fut la première à ouvrir la bouche.
- C'était... Tu...tu penses p-pas que... bégaya t-elle.
Elle ne savait pas quoi dire. Moi non plus. Le regard fixant la fenêtre, je fini par articuler :
- Personne... n'habite par ici... A part Mme Guelair...?
- Non... Elle dort à cette heure-ci. Peut-être un genre d'animal nocturne...
- Je sais pas. Ce qui est sûr c'est que l'ombre était à la hauteur de la fenêtre.
- L'ombre ?
- Oui. Je l'ai vue derrière les volets quelques secondes avant d'entendre..ce bruit...
Kay tremblait, les mains crispées sur le baladeur, faisant des noeuds avec mes écouteurs. Je mis une main sur son épaule.
- Ecoute, j'sais pas ce que c'était, mais c'est parti en tout cas.
- J'ai peur.
- T'inquiètes, j'ai tout fermé. Volets, portes, fenêtres. J'ai le couteau et...
Je levai les yeux vers le mur. A l'opposé du tableau, l'arme de chasse de son père était accrochée, au dessus de la cheminée.
- ...peut-être même qu'on pourra se servir du fusil en cas de problème grave.
Kay me regarda avec des yeux ronds.
- T'es pas sérieuse ???
- Quoi ? Parce que tu crois qu'un canif suffira à dissuader les "méchants" ?
Elle sourit à contre-coeur.
- Les "méchants" ne viendront plus, hein ?
Ses yeux trahissaient son inquiétude. Elle me prit dans ses bras et me dit dans un souffle :
- Tout ira bien...?
- Tout ira bien, murmurai-je en passant ma main dans ses cheveux.
Voilou.Je n'ai pas trop de suite, mais j'y pense. Un jour peut-être ^^.