(Pas fini mais si ça pouvait être signé Heaven^^)
L’arbre d’or
J’avançai tranquillement dans la rue. Ce soir, l’air était humide et de plomb, mais parfois, une légère brise venait casser le lourd silence de la ville de Castecher. Malgré tout, l’atmosphère était paisible et chaleureux. Les gens de Castecher avaient toujours été bien hospitaliers, même si un étranger bizarre et mutilé se présentait. Cette ville était naturellement jolie, même pendant le plus rude des hivers, et même pendant les pluies les plus torrentielles. C’était MA ville. La ville de rêve.
Ces temps-là, mon père et moi étions très occupés. Mon père est le roi de la contrée d’Utopia, le pays qui contient la fabuleuse ville de Castecher, sa capitale. Cette contrée, d’Est en Ouest commence de la grande forêt Emeralis et fini par la chaîne de montagne Löth. Du Nord au Sud, c’est du Glacier Tempéré au Pont-De-Pierre. Je sais que cette description a l’air de faire de l’Utopia une grande contrée, mais lorsqu’on y vit juste 7 ans, on connaît déjà tout de cet endroit.
Cela faisait environ un quart d’heure que je cherchais le marché. C’était la première fois que j’y allais seule, et vu que les autres fois j’étais en téléportation, je n’avais pas vraiment eu le temps de me souvenir du chemin et de regarder le paysage, si vous voyez ce que je veux dire. J’entendis alors le grondement du tonnerre sous mes pieds. Habituellement, je me serais esclaffée à l’idée d’un orage, mais ainsi, dans les rues désertes et sans bruit, aussi tard, disons que l’idée ne me plaisait pas trop. Et là, le brouillard entra en jeu. Un brouillard froid et pénétrant, le genre de brouillard qui nous enveloppe et qui nous empêche de voir où vous mettez les pieds. Une brume à faire froid dans le dos. Au moment même où je commençais à avoir peur, une voix grave et puissante me glaça le sang :
-Holly…
-Qu…Qui est là? répondis-je.
-Holly! répéta-t-elle.
-Q’est-ce que vous me voulez?
Soudain, sortant de la brume de marbre, une forme noire s’approcha de moi. Elle tendait une main épaisse et apparemment forte en ma direction. Je ne pus retenir le cri d’effroi qui s’échappa alors de ma bouche. Cependant, je me plaquai instinctivement sur le mur le plus proche. La plupart de mes amis disent que j’ai beaucoup de courage. Et bien, pour cette fois, ils ont eut raison! Si je n’aurais été en compagnie de ce sentiment familier, que je ne connais pas –ou ne me rappelle plus- beaucoup, je n’aurais pas fait ce que je m’apprêtais à faire. Ainsi vulnérable, collé contre le mur d’une étroite ruelle, en proie à une forme indéfinie qui avait l’air vachement plus forte que moi.
C’est alors que je pris le canif que le père d’un de mes amis m’avait offert, et m’avança prudemment vers cette forme enveloppée de bruine. Rassemblant mon audace à deux mains je me lançai vers mon assaillant, sans pour autant vouloir le blesser –et si ce n’était q’un marchant perdu dans la ville?-.
-Tiens prend ça!
Cette fois-ci, je lui avais déchiré un pan de sa cape. Ce n’était qu’une petite égratignure ou je ne le touchais juste pas du tout, vu que tout ça n’était que pour lui faire peur –et, je dois l’avouer, amocher un peu son vêtement.
-Holly, arrête ça tout de suite!
C’était la voix de mon père ça! Mais, pourquoi prenait-il le parti pour la créature? Le monstre me prit l’avant bras avec une force colossale. La même force que mon père…
-P…Pap…Papa? dis-je.
-Bien sûr que oui, pour qui me prenais-tu? me répondit-il.
L’homme encapuchonné enleva son voile et présenta effectivement le visage de Joe Turner. Il déposa délicatement sa main de géant sur mon épaule frêle et me jeta un regard tendre. Certaine personnes disent que le pouvoir consume. Pour mon père, tout ça n’est que mensonges. Il aura toujours de l’affection pour tout le monde, des drogués aux snobs.
-Je suis content de savoir que tu traînes ton canif partout, m’adressa-t-il. Le père de ton ami Ned a eu raison de te le donner, tu es assez mature pour l’apporter partout sans blesser personne –tant et aussi longtemps qu’ilh ne t’agresse. Tu sais, ces temps-ci, Castecher n’est plus aussi sécuritaire qu’autrefois. Aujourd’hui, on m’a rapporté des rumeurs selon lesquelles le pays Sombre préparerait une armée de l’autre côté de la chaîne de Löth, en direction du désert Pic-De-Sable. On ne sait jamais, il vaut mieux prévoir d’éventuels espions, assassins ou éclaireurs. Maintenant, tu veux bien abandonner la mission du marché? On attendra demain matin, puisque dans le brouillard et l’obscurité, tu as bien remarqué que l’on panique un peu trop facilement. Tu peux passer à la Bibliothèque, c’est proche. La nouvelle, je parle. Celle où les livres viennent de tous les Pays, et d’autres qui ont plus de 100 ans! Allez, moi j’ai un rendez-vous, alors je te laisse. Je sais à quel point un hypnotiseur pourrait ne même pas avoir recours à sa force spirituelle pour t’endormir; il n’a qu’à te parler de politique.
Mon père me parle comme si j’étais une adulte, malgré mes onze petites années. Je lui adressa un sourire et le salua, avant de partir vers la Nouvelle Bibliothèque. Elle ne se trouve pas bien loin de la maison principale** (**À Castecher, il n’y a une forteresse que pour les éventuelles batailles, qui n’ont pas eu lieu depuis des lustres. La demeure royale n’est qu’une maison comme les autres, mais richement décorée. Au bas de la page au propre.), donc plus besoin de mon canif, ce serait imbécile; les gardes ont l’œil et l’instinct du faucon et du lynx, donc… mes assaillants seraient morts dans le temps de le dire. Vu le début de l’automne, la température était encore chaude, mais tous les arbres étaient rouges, et perdaient leurs feuilles. Les réverbères leur donnaient une teinte orangée, et le chemin de pierre arrosé par la rosée matinale (c’est fou comme à Castecher on devrait l’appeler la rosée nocturne! Mais les maîtres linguistiques ne l’accordent pas.)
Je suivais le chemin désert lorsque je percutai un mur. Cela m’apprendra à être lunatique! Lorsqu’on ne regarde pas devant soi, voici ce qui arrive! Je serrai mes poings et mes dents pour ne pas rire –cela aurait réveillé tout le quartier, je ris fort-. Cocasse comme situation. Même si j’avais légèrement mal au nez à cause du choc, j’étais très heureuse. Heureuse d’avoir un élément réconfortant dans la nuit noire –quoique éclairée par les réverbères-.
J’observai le nom de la rue. On était sur «Sunny Street», donc, je n’avais qu’à continuer tout droit, et lorsque j’arriverai au magasin de jouets, il me suffirait de tourner à gauche, et de tourner ensuite à droite pour déboucher sur l’avenue de Rosiers. C’est donc ce que je fis. Devant la boutique de jouets, j’étais assez effrayée par les mannequins immobiles et nus qui avaient presque l’air de me fixer. Je pressai alors le pas pour éviter de rester trop longtemps à leurs côtés.
Enfin arrivée devant la Bibliothèque, j’e me posai devant le lourd portail de cerisier, mon bois préféré. L’Acajou aussi me plais, mais le cerisier dépasse tout. Je poussai alors à bout de bras l’arcade et déboucha dans la plus vaste Bibliothèque que je n’avais vu dans toute ma vie. Dix étages de livres empilés sur des étagères du même bois que la porte, et des colonnes, des ponts, des ascenseurs… tout ça en marbre. C’était d’une beauté presque impossible. Le parfum littéraire emplissait l’endroit d’une odeur de savoir, de sagesse et d’aventures. À l’entrée, disposés en cercle, une foule de bureaux et de secrétaires s’occupaient de l’accueil. Ne sachant où étaient les livres d’aventures ou de mystères, je m’y présentai. La dame qui s’occupait du bureau auquel je m’étais dressé devant avait l’air légèrement fatiguée de rester ici à ne rien faire à une heure aussi tardive. Cette femme cognait des clous, donc, lui demander quelque chose allait être une épreuve difficile.
Je cognai alors du poing comme on cogne à une porte, mais sur le bois sec de son pupitre. La dame se frotta les yeux et me demanda :
-Mais qu’est-ce qu’une enfant aussi jeune que toi fais ici à cette heure.
-Il me paraît logique que je viens pour emprunter ou pour rendre, madame, lui répondis-je.
-C’est vrai que ça a du sens (la dame avait l’air sérieusement épuisée pour répondre ainsi…Je n’est que onze ans et elle ne me demande même pas comment mon vocabulaire était aussi riche. J’avais même préparé une réplique!).
-Pourrais-je vous demander où se trouvent les sections aventures et mystères?
-Elles sont situés… attends un peu… (Elle ouvrit son calepin et commença à feuilleter les pages.) L’aventure, ce sera à l’étage numéro trois, et mystère, à l’étage numéro sept.
-Merci!
-Ça me fais plaisir (Cela sonnait faux. Pauvre dame, je l’avais réveillée à une heure du matin!)
Étant donné que l’Aventure était plus basse que le Mystère, je commençai par ça. Les marches étant longues et épuisantes, pourquoi ne pas prendre l’ascenseur? Alors je me dirigeai vers le mécanisme. C’était une plaque de marbre avec un insigne dessus, l’armoirie des Turner, qui s’allumait d’une lumière bleuté lorsque l’ascenseur commencerait sa progression. Ensuite, une foule de poutres et d’engrenages, de sphères et de fils propulsait la plaque de marbre vers le haut, et il fallait tout de suite penser à l’étage désiré, puisque la plaque continuerait à la vitesse de la lumière, transformant le monteur ainsi que la plaque en énergie. Rendu à l’étage demandé, deux puissants aimants disposés en cercle font brusquement ralentir l’engin, qui reprend sa forme matérielle et se fait ensuite attraper par le même mécanisme que celui du début, mais cette fois en attrapant l’ascenseur, et non en le propulsant. Ensuite, une plaque de métal épaisse venait en dessous de l’engin pour l’attraper, et ensuite le transporter tranquillement jusqu’à l’étage désiré.
Dès lorsque je mis pied sur le balcon du troisième étage, j’aperçu alors d’avance un livre qui me plairait; il s’appelait « Le royaume oublié ». Ça parlait d’un groupe de personnes qui allaient se battre conte le Prince des corbeaux qui avait rendu leur pays à feu et à sang. Mon genre, quoi! Je ne m’attarda pas vraiment sur cet étage voyez-vous, il aurait certainement pu arriver un tas de trucs, mais disons que… Je n’aimais pas trop traîner la nuit.
Je remontai sur l’ascenseur, et cette fois-ci, je me rendis au septième étage. L’étage des livres qui viennent d’autres pays et qui révèlent des secrets. À l’entrée du septième étage, un gros colosse que je connaissais bien –il était garde, comme ici, à l’ancienne Bibliothèque- qui s’appelait Humphrey me demanda la raison de ma visite à une heure aussi tardive. Je lui expliquai que je n’avais pas lu depuis deux semaines et que de voir ma chambre vide de connaissance me donnais mal au cœur. Il rit en lançant un petit : Sacrée toi… Et me laissa passer. Vous voyez, j’ai de la chance d’être une Turner parce que sinon, je n’aurais pas accès à cet étage, à moins d’avoir un autorisation écrite de l’auteur du livre (la machine à remonter le temps n’existe pas encore…) et du Bibliothécaire. À Utopia, le savoir est d’or. C’est même l’emblème-slogan de Castecher. C’est pour ça que pour avoir l’autorisation écrite du Bibliothécaire, il faudrait l’avoir hypnotisé, et encore là...
Mar 1 Juil - 1:07
