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 Signal 911

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Zo
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MessageSujet: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeJeu 30 Juil - 15:56

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Signal 911



22h48


La sonnerie du standard retentit, stridente.
- 911, à votre écoute - dit l'hôtesse en décrochant, d'un ton calme.
A vrai dire, elle ne s'attend pas à grand chose. En hiver, ici, les gens ont tendance à appeler le 911 pour n'importe quoi. Y compris une angine.
Pourtant, cette fois-ci, ce fut différent.
- Allô... Allô... ? Je vous en supplie, aidez-moi...
La voix féminine est cassée par l'angoisse. Des parasites crépitent sur la ligne, coupant ses phrases par intermittence.
- Calmez-vous, mademoiselle. Qu'est-ce qui se passe ? Où êtes-vous ?
- Je... venez vite... par pitié... Ils...
- Où êtes-vous ?
L'hôtesse entend un bruit sourd, peut-être une porte qui claque. La voix s'est faite saccadée, se transformant en un murmure de terreur. Jamais elle n'a entendu pareil ton haché, suppliant.
- Zone industrielle... secteur quatre... s'il vous plaît...
Il y eut un grésillement d'ondes parasites. La réception est mauvaise. Quelque chose à l'autre bout du fil semble tomber.
- Mademoiselle ?
Bip, bip, bip - lui répond le combiné. La liaison fragile a été rompue. L'hôtesse ne s'autorise que quelques millièmes de secondes de surprise.
Ici, chaque minute compte. Elle appuie sur un interrupteur de la console.

23h00


- Secteur quatre. Je répète, secteur quatre.
- Bien compris. Nous y allons.
La voiture de flics n'a pas pris la peine de se parer de ses sirènes. Patrouillant près du quartier de Green Temple, situé en bordure de la Z.I, les agents Burke et Cahill furent contactés par le Central à 22h52. Le 911 signalait un appel en provenance du Secteur 4 de la friche industrielle.
- Il est vaste, le secteur quatre - grommelle Burke en reposant le réceptacle de la radio.
Cahill gare la vieille Dodge près des grilles de l'usine de lino, désaffectée lors de la grande dépression. Le maire a promis de la démolir, mais les ouvriers ne sont encore jamais venus et le panneau "Défense d'entrer" pend tristement sur les grillages rouillés.
L'usine dessine ses tuyaux gigantesques en filigrane derrière les mailles lâches. L'hiver a jetté un froid glacial sur la nuit, et le décor industriel semble s'être cristallisé.
- On va commencer par là - déclare Cahill, une lampe torche à la main, en resserrant son blouson autour de lui.
Il gèle sévère. Une épaisse buée sort de leurs bouches, vaporeuse à l'instant.
- Va appeler une ambulance, on ne sait jamais. J'm'occupe de ce putain de cadenas.
Obéissant, Burke court à la voiture, heureux de se glisser dans la tiédeur de l'habitacle, ne fut-ce que pour quelques minutes.
Cahill, le plus ancien des deux, se démène avec le lourdaud cadenas du portique. Ceinte d'une chaîne décrépie, la serrure cadenassée s'écaille de rouille.
Aucune trace ne montre qu'elle a été forcée récemment.
L'agent y glisse un court canif tout en se demandant ce qu'une nana pouvait bien foutre dans l'usine par cette nuit de janvier. Sûrement une junkie.
Vermine...
Mais on ne doit en aucun cas ignorer un appel à l'aide ; jamais.
La lame du canif finit par faire céder le mécanisme rudimentaire du cadenas. L'attache de celui-ci saute, dans une éclaboussure de poussière métallique.
Cahill pousse le portail des deux mains, et les panneaux grillagés s'ouvrent en gémissant. La chaîne dégringole et tombe au sol avec un bruit sourd.
Burke clopine vers son supérieur, les joues rôsies par la morsure du froid.
- J'ai appelé le Skeleron General Hospital. Ils nous promettent une Medic Alpha d'ici quinze minutes...
- Le Skeleron General ? - Cahill hoche de la tête comme pour présenter ses condoléances - La seule fois où j'ai vu un de leurs médecins à l'oeuvre, j'ai compris qu'un hamster armé d'une scie sauteuse ferait du meilleur boulot... Enfin... Allons-y.
Ils franchissent les grilles non sans apréhension.
L'éclairage, engangué par le givre qui fondait sur les circuits chauds, fonctionne mal. Certains coins de l'usine trapue qui étale ses locaux sur des centaines de mètres, sont plongés dans le noir total. Des containeurs, des caisses abandonnées, gisent près des murs tels des épaves incongrues. Une dizaine de rouleaux de lino moisi s'entasse à côté de poubelles gigantesques, exhalant une odeur putride d'ordures oubliées.
- Charmant - commente le jeune Burke dans sa barbe.
Une main posée sur le holster de sa hanche comme pour se rassurer, il essaie de ne pas trop traîner derrière Cahill.
Celui-ci tient son Smith & Wesson .38 prêt à l'emploi, collant sa lampe torche sur le canon de l'arme comme s'ils ne faisaient qu'un.
Une grosse mouette - l'éboueuse des friches délaissées - auparavant occupée à trifouiller un sac troué au sol, s'envole avec un cri déchirant.
Burke la suit des yeux, nerveux.
Un rat détale non loin, dans un petit crissement de griffes. Il se réfugie en dessous d'un vieux camion à la remorque accolée à un terminal de déchargement, dont le store pend de travers, cassé faute d'entretien.
Cahill contemple les bâtiments hérissés de passerelles et de cuves tortueuses, comme évaluant le périmètre blanchi de givre.
- C'est trop grand - grommelle-t'il - Il nous faut des renforts. Burke ?
- Compris, chef.
Burke décroche son talkie-walkie et appuie sur le canal du Central. La réception est mauvaise, brouillée par des chuintements stridents, indistincts.
Il jure à voix basse.
- Ici... tral... - crache la radio au milieu des parasites.
Burke soupire. Il frissonne, malgré l'épaisseur de son blouson de flic.
- Ici les agents Cahill et Burke. Nous aurions besoin de renforts dans le secteur quatre, celui de l'usine de lino...
Il doit répeter plusieurs fois pour se faire comprendre. Sa voix est périodiquement submergée de parasites grésillants.
- ... tral... bi... reçu... voyons... forts.
- Merci, Central.
Burke range son talkie-walkie en soupirant. Il voit alors que Cahill s'est éloigné, inspectant les lieux miteux. Il s'empresse de le rejoindre, heurtant involontairement la pile de linos défraichis. Les rouleaux dégringolent au sol.
Cahill se retourne, alerte.
Burke hausse des épaules.
- Ils nous envoient des gars.
- Bien... Nous avons du boulot.
Transis de froid, ils marchent le long du mur.
Celui-ci a jadis été peint d'une couleur verte, mais elle a disparu sous une couche de crasse. La peinture s'écaille telle une peau lépreuse.
Un vieux panneau vissé indique que l'entrée de service se trouve à une vingtaine de mètres. Ils les parcourent.
Le béton dallé sous leurs pieds est recouvert d'un étrange mélange de détritus - canettes, vieux magazines, journaux déchirés, boîtes de conserve et autres ordures.
Avant que les autorités civiles de la ville ne clôturent l'usine, celle-ci a servi à de nombreux squats. Certains l'ont même transformé en dépotoir provisoire.
Une machine à laver défoncée achève sa retraite de rouille près d'un container à déchets renversé. Les yeux de Burke s'attardent sur un graffiti mal exécuté qui noircit le mur craquelé, près de l'entrée de service, située dans une dépression du bâtiment tentaculaire.
L'horizon leur est coupé par un renforcement de l'usine, une entremêlée de gros tuyaux d'évacuation s'enfonçant dans le sol, passant entre deux grilles rectangulaires. Il fut un temps où une épaisse vapeur nauséabonde pulsait de ce cloaque, mais dans le trou protégé de plaques de maille ne clapote désormais que l'eau de pluie croupie.
Les portes battantes de l'entrée pendent sur leurs gonds, comme défoncées par un coup de bélier monstrueux. Le sol est jonché de débris de verre qui craquent sous leurs bottes.
Les entrailles du bâtiment ne sont que ténèbres. Une légère puanteur de moisi coule de l'ouverture. Balayant l'entrée du faisceau violent de sa lampe, Cahill peut y apercevoir une rangée de casiers fracturés.
Une porte métallique gît par terre.
Des affichettes de service, arrachées des murs, sont autant de feuilles mortes jonchant le linoléum tâché et retourné par endroits.
- Y'a quelqu'un ? - s'écrie Cahill.
Sa voix forte meurt dans un écho assourdi.
Burke se sent vraiment à l'aise. Il y a quelque chose de malsain dans cet endroit, il le sent sans pour autant parvenir à l'identifier.
Les relents de bois moisi, de béton humide et de pourriture lui chatouillent les narines.
- Vous croyez qu'elle est où ? - interroge-t'il, baissant la voix malgré lui.
Tout en s'avançant plus près de l'entrée sombre, Cahill lui répond qu'il n'en a aucune idée.
- Ce n'est peut-être qu'une putain de junkie... Elle s'est trop piquée et agonise dans un coin... - siffle Cahill.
Il a une sainte horreur des toxicomanes, c'est bien connu à la brigade. Quand ils furent à l'intérieur, un courant d'air abat une porte branlante contre le mur avec fracas.
Burke ne peut s'empêcher de sursauter et Cahill se moque de lui, le traitant de bleu trouillard. Ce qu'il est probablement, au vu des trente ans de service de son équipier.
La lumière de leurs lampes dessine des rondes disparates, révélant des murs tâchés d'humidité froide. Les tuyaux qui courent au plafond ont été rongés par la rouille depuis longtemps, et l'eau goutte par leur dentelle métallique avec de gros flocs.
Cahill met le pied dans une flaque nauséabonde et jure à haute voix.
- Y'a quelqu'un ? Où êtes-vous ? Police... Nous venons vous chercher...
Sa voix reste sans réponse.
Une odeur doucereuse règne ici, un mélange d'œufs pourris et de sucre humide. En franchissant le premier tournant, les deux agents ont la surprise de découvrir qu'au plafond, un seul halogène de la rangée fonctionne encore.
Sa lumière tremble tel un spot, plongeant le couloir délabré dans un clair obscur clignotant, grisâtre.
- Ohé ? Vous êtes là ?
Le grésillement de l'halogène défectueux emplit l'espace, zonzonnant.
Des feuillets tâchés parsèment le sol au revêtement racorni. Poussée par un courant d'air, une canette de soda usagée roule près des bottes de Cahill.
Une porte grince quelque part au fond.
- Si vous nous entendez, montrez-vous.
Une lueur bleutée, lointaine, balaie le sol derrière eux, jetant un éclat spectral sur les divers détritus. Burke se retourne, soufflant de soulagement.
- L'ambulance est là - déclare-t'il en scrutant ses arrières.
Au fond du secteur bétonné se découpe la silhouette trapue de la Medic Alpha, les gyrophares dehors. Il voit les infirmiers sortir un brancard, prévoyants. Il leur adresse un signe depuis l'entrée, mais ils ne l'aperçoivent pas.
Burke retourne auprès de son équipier.
Cahill est toujours figé au tournant du couloir, arme et torche au poing.
Ses yeux sont fixés au sol.
- Regarde - dit-il à Burke.
Et Burke voit. Dans le tremblotement de l'halogène, on les aperçoit à peine. Sur le linoléum crasseux sont imprimées de légères traces de pieds.
Nus.
On voit clairement les empreintes des orteils. Les traces sont fines, profilées. Des pieds de jeune femme. Les empreintes sont maculées de sang.
- Bon Dieu - souffle Burke.
Il sent ses doigts se crisper légèrement sur la crosse de son Smith & Wesson.
- C'est rien - le rassure Cahill de sa voix posée - Elle s'est juste écorchée. C'est plein de saloperies, ici.
- Ouais, et bah, allons la chercher et allons nous-en... Cet endroit pue la mort...
Cahill hoche de la tête pour signifier qu'il comprend.
Essayant de respirer par la bouche pour ne pas inhaler l'infection aigre-douce qui sévit ici, ils avancent dans le couloir, se collant aux murs roides.
Le blouson de Burke racle doucereusement le mur, y arrachant des lambeaux de peinture molle, tels des pelures d'orange.
Les papiers graisseux voltigent au sol, se traînant sur le lino sale dans un froissement. La porte au fond du couloir claquait par intermittence.
Les traces de pas écarlates s'y dirigent.
Burke sent un filet de sueur lui couler sur la nuque. Quelque chose dans cet endroit lui fout la nausée. C'est peut-être l'odeur de vinaigre périmé, ou le froid qui s'insinue sous son blouson tel un cafard.
La porte se trouve juste devant eux, entre deux embranchements du couloir. Une faible lueur provient du tournant de droite. C'est probablement une de ses lampes veilleuses protégées par une maille d'acier, que les usines installent au ras du sol.
Il est étonnant de constater que l'électricité n'a pas encore été coupée, après tout ce temps. A y penser, l'usine possède sûrement un groupe électrogène indépendant, à moitié fracassé peut-être, mais qui fournit du courant à une petite partie du bâtiment.
Telle est la pensée de Burke.
La porte, à l'étroite vitre opaque de crasse jaunâtre et au contre-plaqué bosselé claque à nouveau. Puis les deux agents voient nettement la poignée s'abaisser, et la porte claque une ultime fois, fermée par le percutoir de la serrure.
Le choc sur le landau est brutal, une fine couche de plâtre s'entrepose au sol après avoir voltigé dans l'air glacial.
Un casier métallique a été renversé à leur gauche. Cahill s'approche de la porte, portant la main sur la poignée tordue.
Un rat couinant bondit par dessus le casier éviscéré, se cognant dans ses jambes. Burke est resté en retrait, surveillant l'environnement d'un oeil anxieux.
Son équipier pèse sur la poignée, mais le panneau de faux bois refuse de s'ouvrir, butant sur un objet lourd. C'est comme si on l'avait poussé là pour les empêcher d'entrer.
Le regard de Cahill tombe sur sa droite.
Le couloir s'enfonce dans un nouveau coude mal éclairé. Et là, juste à côté d'un empilement de vieilles caisses parsemées de dossiers moisis, c'est...
- Hé ! - s'exclame Cahill - Qu'est ce que c'est que ça ?
Il lâche la poignée et fait quelques pas en avant.
Ici, la puanteur se fait plus forte, malsaine, vénéneuse.


Dernière édition par Zo le Jeu 30 Juil - 16:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeJeu 30 Juil - 15:57

23h09


- Ce... Central ?
- Ici Central. Je vous écoute.
La liaison radio est catastrophique. Des échos fantômes jouent sur les ondes.
- Ici... agent Burke...
- Je vous entends mal, agent Burke. Que se passe-t'il ?
- Secteur quatre... putain... venez vite...
Il y eut un choc mou. Comme si on tapait avec un marteau sur une pièce de viande. Les grésillements de la radio se font insupportables, douloureux.
- Agent Burke ?
- Cahill... Cahill est mort... secteur quatre... venez vite... merde !
Un glissement strident. La radio emet un bip.
- Agent Burke ?
La neige s'est entreposée sur la fréquence, tournant à l'inaudible.
- Agent Burke ?
Le talkie-walkie de Burke est mort, vraisemblablement pietiné. Au Central, on échange des regards perplexes.
- Appellez le SWAT. Y'a un truc qui ne tourne pas rond dans le secteur quatre.

23h27


J'veux pas dire, mais les zones industrielles, putain que c'est moche.
Jugez par vous-même : c'est une immense friche plantée de bâtiments étranges, plus effrayants les uns que les autres.
Le secteur 4 est abandonné depuis longtemps, depuis que les japonais de chez Otsiju se sont implantés dans les secteurs 2 et 5, provoquant la fermeture de la vieille usine à lino.
Il y alors eu une grève plutôt méchante, et je me rapelle avoir vus des copains flics en revenir avec pas mal de bleus. Les ouvriers étaient des costauds, mais même ces dockers durs à cuire ont dû plier et leur usine est morte.
Des deux côtés, des fenêtres aveugles, obstruées de planches, de briques ou bien béant d'une noirceur de suie nous pointent.
Le secteur est devenu une véritable décharge. De vieux frigidaires écaillés cotoient ici des machines industrielles depuis longtemps vêtustes et des mouettes se nichent dans les pelleteuses écrabouillées par le temps.
C'est un cimetière, une ode à l'industrie d'un autre siècle, celle qui polluait à pas de raison, celle qui emplissait autrefois la ville d'un grondement vivant et nourrissait plus de la moitié de sa population.
Désormais, le maire veut raser le secteur 4, devenu inutile, et y construire je ne sais quelle abérration commerciale. Ainsi, les panneaux "Danger travaux" ont envahi les abords de l'usine de lino, et alors que le gros camion noir du SWAT se gare près de l'ambulance, j'aperçois un tas de parapaings et une bétonneuse vide entassés contre une grille à moitiée écroulée sur elle-même.
Je descends ; la tenue me gêne un peu - vous n'avez pas l'idée, même approximative, de son poids - mais au moins suis-je immunisé contre la gelure de l'air.
Nous sommes six : le sergent Pat "Little" Wender, les premières classes Hugo Laren, James Puller, Chris Tall, Thery Mankowski. Et moi.
Les deux ambulanciers, bleuis par le froid, accourent vers nous comme des lucioles attirées par une ampoule.
- C'est quoi ce bordel ? - leur aboie le sergent Wender à la figure, aussi poli que d'habitude - Pourquoi les flics ont besoin de nous ?
Hé, Wender, du calme. T'oublies que nous aussi, nous sommes de la maison. Le surnom "Little" qu'on attribue tous à Pat Wender est bien sûr ironique.
C'est un gaillard de trente deux ans, d'un bon mètre quatre vingt dix et d'une solide centaine de kilos, avec une voix à faire rentrer n'importe quel chien à la niche.
Au SWAT, on a du mal à lui trouver des tenues assez larges, ce qui résume tout.
L'un des ambulanciers recule, prudent, craignant probablement que Wender ne lui fourre le canon de sa M4 sous le nez.
- Vous avez reçu l'appel du Central, non ? - déclare le second infirmier, un peu plus costaud que le premier, sans pour autant rivaliser avec "Little".
Wender se tourne vers lui. Sous l'effet du froid, son nez a viré au rose, ce qui lui donne l'air d'un abonné aux Alcooliques Anonymes.
- Ouais. On nous a dit de venir ici.
- Pareil pour nous. C'est l'agent Burke qui nous a contactés.
Le sergent regarde autour de lui, balayant la friche décrépie et désolée des yeux.
A quelques mètres de la Medic Alpha du Skeleron General Hospital est garée une vieille Dodge aux couleurs de la police. Une de ses portières - côté conducteur - est encore ouverte, et l'habitacle est éclaire par la fadeur du plafonnier.
Le moteur, lui, ne tourne plus.
- Et bien, il est où, cet agent Burke ? Et Cahill ? Il était avec lui, non ?
- Oui. Ils ont été dépêchés ici suite à un appel reçu au 911. Cela fait vingt minutes qu'on a aucune nouvelle... - répond l'ambulancier.
De toute évidence, il est plus préoccupé par la perspective de se cailler près de l'ambulance dans les heures qui suivent que du sort des deux flics.
- Ce qui m'étonne, c'est qu'on vous appelle, vous - prononce le type, indiquant notre camionnette du menton, comme si nous étions responsables de tous ses maux.
- Le Central soupçonne qu'il y a quelque chose de pas net, là-dedans. Burke ne répond plus. Il a déclaré que Cahill était mort...
- Ah, bon - dit l'ambulancier.
A sa tronche, je vis qu'il s'en foutait pas mal. Wender soupire et nous fait signe de le suivre.
- Mettez vos casques. On sait jamais.
Alors j'enfile ma cagoule, et le casque anti-émeutes qui va avec. Je ne tarde pas à crever de chaud, à en oublier qu'il fait moins trois dehors.
Au SWAT, on ne sort jamais sans le grand arsenal. Gilets en kevlar, genouillères, protège-coudes, ColtM4 ou Heckler & Koch MP5, ou encore - dans mon cas - une Winchester 1300 Defender, un fusil à pompe calibre 12 chargé de chevrotine.
Nous sommes prêts à parer toute éventualité, à gérer n'importe quelle situation. Que cette ignoble usine abrite un gang, un réseau de trafiquants d'armes lourdes, Ben Laden en personne, ou plus probablement, quelques marginaux trop défoncés pour aller pisser, nous allions les faire sortir de là.
- Vous, vous ne bougez pas - lance Wender aux deux ambulanciers.
Il y eut une vague réponse affirmative.
Personne ne désobéit au sergent "Little". Moi y compris, même si parfois je le trouvais quelque peu lent et crétin. C'est juste un avis personnel.

Nous avons franchi le portail défoncé pour nous retrouver devant l'espace vide jouxtant l'usine, et qui avait dû autrefois être un parking, mais qui est désormais encombré de containeurs, de caisses et de pneus de voitures sales.
La faible lumière des projecteurs défoncés auréole les murs de zébras blafards, soulignant tous les défauts de la peinture vétuste.
- Y'a rien - dit Laren.
La même affirmation est reprise par tous les autres.
Wender nous mène donc vers l'entrée de service.
Des mouettes se sont perchées sur les tuyaux et les passerelles, nous contemplant d'un regard glauque, mort. L'une d'elles a incliné sa petite tête pour me vriller de ses yeux inexpressifs et, excédé, je tape de la crosse de ma Defender sur les tuyaux.
La vibration et le bruit les font s'envoler en ballet.
Leurs cris sont comme une scie mal reglée.
- Caporal Tobias, c'est pas le moment de s'amuser - lâche Wender à mon intention avec son ton de bouledogue.
- Je déteste les piafs, sergent - répliquais-je.
- Ferme ta gueule.
C'est ce que je fis.
Nous étions arrivés devant l'entrée de service.
Six lampes torches posent leur rayon brut sur le seuil écorché.
Une épaisse traînée de sang, pas encore tout à fait coagulé, s'étale du seuil des portes branlantes jusqu'à toute la partie visible du couloir délabré.
La trace est irrégulière.
De minuscules gouttelettes ont éclaboussé le bas métallique des battants.
- Putain - fut le seul commentaire que s'autorise Wender.
Tous sont, tout à coup, plus tendus.
On s'avance prudemment dans le couloir, qui à croupions, qui rasant les murs. Wender, en bon chef, a accouru au coin du mur et a scrupuleusement vérifié que le tournant ne représente aucune menace.
Il nous fait signe. En abaissant mon arme, équipée d'une luminole puissante, je vois le bordeaux qui s'est imprimé au sol.
C'est comme si on y avait traîné un cadavre. Je repense à ses pauvres flics. Dieu sait quelle saloperie leur est arrivée ici.
Nous avons fini par déboucher sur une intersection. Le couloir se divise là en deux, et la partie droite est faiblement éclairée par une ampoule au ras du sol. Quelque part, un aérateur ronronne. Je vois presque son hélice poussiéreuse tourner avec paresse, peinant à chaque rotation pour brasser l'air.
Ca pue grave, ici. Un mélange peu ragoûtant de lait caillé et de vêtements humides.
Mais le plus dégueulasse est sûrement l'aspect de la porte qui se trouve devant nous.
Sa vitre poisseuse de crasse couleur pisse, son revêtement de contre-plaqué cabossé, sont en grande partie recouverts de brun. Wender y passe un doigt.
L'hémoglobine est encore fraîche.
Une partielle trace de doigts s'est collée à la poignée blanche, comme si le type qui s'est trouvé ici - Cahill, Burke ? - s'est agrippé là en dernier recours.
Le sergent essaie bien de pousser la porte, mais elle refuse de s'ouvrir. Un truc lourd l'empêche de pivoter, sûrement une caisse ou une armoire.
- Bordel - râle Wender.
Deux des premières classes scrutent le couloir à gauche.
Il n'y a rien de notable là-bas, mis à part un casier renversé, une série de tags obscènes, une forte odeur de pisse et deux ou trois rats maigrichons.
Tall, lui, s'est engagé à droite, tatillon comme une anguille électrique. Avec Mankowski à mes côtés, je surveille le couloir duquel nous sommes venus, au cas où celui - ou ceux - qui se trouvaient ici auraient décidé de nous surprendre en marchant sur nos pas.
Putain, mais qu'est ce que ça pue...
- Hé ! Venez voir ça ! C'est dégueulasse !
Wender cesse de lutter avec la porte éclaboussée de sang.
C'est Tall, parti seul sur la droite, qui nous a hélés.
- Ah bon sang... !
Wender appelle tout le monde. Nous le suivons.
Quelques mètres plus loin, Chris Tall a relevé la visière de son casque. Du peu que je vois de son visage sous la cagoule, je le devine blanc, malade. Il fixe quelque chose contre le mur, masquée à notre vue par des caisses marquées du logo de l'usine.
Je fais quelques pas en avant, encore.
Et dus me détourner un instant, pour ne pas gerber dans le casque. Le dos tourné, je soulève la visière. L'air, même vicié, me fait le plus grand bien.
- Oh, putain - souffle-je.
Je me retourne, désormais certain de ne pas défaillir. Et je regarde.
C'était Burke.
Il n'avait plus son uniforme de flic, d'ailleurs, il n'a plus grand chose. Seule sa tête est encore intacte, grotesque. Sa bouche est ouverte, filet de bave aux lèvres, l'expression congestionnée. Les yeux grands ouverts, vitreux.
Plus bas, c'était le truc le plus moche que j'aie vu, et pourtant, j'ai été en Iraq.
Burke avait été... comment je peux le décrire ? Merde. Le pauvre type n'est plus qu'un squelette sanglant. Ses côtes sont encore reliées entre elles par de minces filaments rosâtres, gluants comme de la morve. Quelques pauvres bouts de chair rougissent encore ses poignets, ses tibias et ses orteils.
Et sinon, rien, juste une carcasse répugnante aux os blanchâtres, brisés. Un filet de nerfs s'enroulait autour de son bras, pourpre.
- Merde... Qu'est-ce qui... - balbutie Wender.
C'est la première fois, en deux ans de service au SWAT, que je vois Pat "Little" Wender perdre son sang-froid.
J'avais pourtant commencé à croire que rien ne lui faisait de l'effet, à celui-là, à part les belles gonzesses. Mais c'est vrai que là, y'a de quoi rendre tripes et boyaux.
C'est visiblement ce que s'apprête à faire le première classe Laren, affectueusement surnommé "Mauviette".
Il s'est appuyé des deux bras au mur écaillé derrière lui, la tête baissée, soudain pris d'un terrible vertige nauséeux.
Mais cette fois-ci, je n'eus pas le coeur à me moquer de lui. Moi-même je ne suis pas vraiment dans mon assiette. Il me faudrait sûrement plusieurs verres de whiskey pour effacer le cadavre dessosé de Burke.
Et p'têtre même un ray de coke. On verra.
Le sergent Wender a visiblement surmonté le choc.
- Faut trouver celui qui a fait ça.
- Ceux, que tu veux dire - le coupe-je - Ca m'étonnerait qu'un gars arrive à faire ça tout seul en vingt minutes.
- Ouais... J'y crois pas - Wender est troublé, je le vois bien - Et où sont passés ces... ? Ces...
Je me le demande bien. Plus de viscères. Plus... plus rien.
- Qu'est-ce qu'ils lui ont fait ?
Sa question ne trouve pas de réponse parmi nous.
Essayant de chasser le cadavre étrange de ma tête - pas gagné, mon vieux - je les suis dans les entrailles de l'usine.
Mon Dieu, cette odeur... elle me rend malade.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeJeu 30 Juil - 15:58

23h40


Nous avons débouché à l'air libre, au deuxième étage du bâtiment principal de l'usine.
Wender, après nous avoir menés à travers des bureaux défoncés comme après le passage d'une tornade - casiers fracturés, extincteurs crevés, tables bancales, chaises renversées et placards de travers - a poussé une porte, au dessus de laquelle brille un Exit rouge, et nous nous sommes retrouvés sur un réseau de passerelles.
Un gros générateur, buboneux de valves et aux voyants encrassés, bourdonne en contre bas. D'immenses canalisations soudées de vis s'entubent dans le générateur, le reliant à des cuves façon station d'épuration.
L'odeur s'y colle justement.
Je n'ai absolument aucune du processus de fabrication du lino - j'suis au Special Weapons And Tactis, pas vendeur à St Maclou - et je me demande vaguement à quoi ces cuves pouvaient bien servir.
Je les imagines nettement remplies d'eau trouble, infecte et saumâtre, mais elles sont vides. Leurs bords sont maculés de fientes et de plumes. Au fond, une fine couche d'eau de pluie s'est agglutinée, molle de saletés.
La passerelle s'étend droit devant nous, passant pile au-dessus du générateur entre les deux cuves. Une autre, reliée à celle-là, longe la gauche du bâtiment, disparaissant derrière une espèce de cheminée incurvée de bateau, à la gueule béante, cerclée de câbles sectionnés et tuyauteries hors service.
Le chemin métallique, de grille solide, mène à deux portes battantes. Les carreaux de celles-ci sont intacts. Une faible lumière fait luire le verre comme une mauvaise bougie.
- Allons-y - dit Wender.
Il ne nous recommande pas d'être prudents.
A force, c'est devenu un réflexe moteur, ancré plus solidement qu'un morpion. Je porte constamment la Defender contre moi, la gueule pointée au sol.
Ca me rassure.
La barrière de la passerelle se limite à deux fines barres de métal, façon bande d'arrêt d'urgence, soutenues par des piquets mats.
En bas, je vois un sol verdâtre, quelques plantes rachitiques qui ont réussi à percer le béton fendillé. Des fientes de mouette, une carcasse de poisson mort, des traces de rouille sur le corps des cuves.
Un tag clamant que la mère d'un certain Ganfi était une pute. Fallait en être une pour oser appeler son fils ainsi, je pense.
Nos pas résonnent dans un clatz-clatz d'acier, dû à la lourdeur de notre équipement. J'ai parfois l'impression d'être un char à deux pattes. Mais ça m'a plus d'une fois sauvé la vie.
En ouvrant les portes battantes, nous avons trouvé l'agent Cahill.
Nous l'avons déniché près d'une rangée de casiers griffés en suivant la traînée que forment ses intestins.
Cette fois, Laren gerbe vraiment, dans un coin proche. Personne ne lui fait de remarque.
Cahill était en meilleur état que son pote Burke, si on fait abstraction de son évisceration. Il lui manque quelques bouts, tout de même, et ses plaies sont irrégulières.
La moitié de sa cuisse a été arrachée, comme par une déflagration de grenade. Son estomac et ses tripes ont été tout bonnement dépecés.
La bile me vient à la gorge.
J'aurais donné tout au monde pour une cigarette.
- Mais qu'est-ce qu'ils lui ont fait, merde ? - souffle Wender, révulsé.
Bonne question, ça, sergent. Au fait, qui, ils ?
Puller regarde le cadavre avec des yeux gros comme des soucoupes.
- Je crois savoir, sergent...
Sa voix est presque pleurnicharde. Et ça, ça fout "Little" Wender en rogne.
- Bah, quoi ! Vas-y ! Ouvre ta putain de gueule !
Quand la bête est fâchée, elle devient grossière.
- Je crois que... ils l'ont... mangé...
Wender le regarde d'un air stupide.
- Quoi ? Mais merde, qu'est-ce que tu...
Puller s'apprête visiblement à argumenter, mais un drôle de bruit nous alerte tous.
Un clatz-clatz régulier résonne sinistrement sur la passerelle.
Quelqu'un - quelques uns ? Ca se dirige vers nous.
Je ne crois pas qu'ils peuvent nous voir, les carreaux de la porte sont trop petits et sales. Sans un mot, nous nous accroupissons tous dans un couloir latéral sombre, prennant son départ près de casiers posés de travers.
Nous devenons ainsi invisibles.
Chacun tient son fusil automatique de prêt.
Si ouvrir le feu est nécessaire, nous le ferons.
Les portes battantes s'ouvrent, et l'appel d'air ainsi formé fait balancer l'halogène au plafond dans un grincement.

23h46


- Ike ?
La voix est aigüe, c'est une voix de jeune femme. On la sent tendue, telle une corde d'arc. Les portes se referment dans un odieux battement, la lumière vaccille encore.
Je vois Wender échanger un regard avec Mankowski.
Nous respirons le moins fort possible.
- Ike ? Tu es là ?
Mon Dieu, quelle jolie voix, malgré le tremblement peureux. D'autres bruits, plus lourds, se font entendre. Il y eut un froissement.
La jeune femme - on ne la voit pas - a dû marcher sur un papier.
Les portes s'ouvrent, mais il n'y eut pas de bruit, comme si celui - ceux ? - qui vient d'entrer les maintient ouvertes avec ses mains.
- Ah... euh... - la voix faible paraît hésiter, mélodieuse - Si on pouvait le mettre dehors, celui-là...
Elle parlait du cadavre de Cahill.
- S'il te plaît... Je n'aime pas le voir ici.
Il n'y eut aucune réponse.
Aux bruits de pas, je dirais que deux - peut être trois - autres personnes viennent d'entrer. Des hommes, vraisemblablement.
J'aperçois leur ombre sur le mur en face de nous, des ombres allongées, grotesques. Ils semblent porter un équipement semblable au nôtre - j'en mettrais ma main à couper. J'en eus la confirmation en voyant le bras de l'un d'entre eux, près des casiers de travers.
Il était en treillis urbain - blanc, gris, noir - ceint d'une solide protection au coude.
Putain, mais qu'est-ce que ça voulait dire...
Il y eut le son d'un truc qu'on traîne.
Un truc lourd et mou. Le corps de Cahill. Les intenstins font un bruit dégeulasse en traînant au sol, un peu comme une limace géante.
Les portes se referment une dernière fois, les pas claquent sur la passerelle en s'éloignant. Wender laisse passer cinq bonnes minutes avant de rompre le silence.
Je commence à avoir mal aux chevilles, mais n'ose me relever.
Pas sans l'ordre du sergent.
- Bordel... Mais qu'est-ce que c'est ?
Quelque chose craque, non loin de là. C'est un bruit légèr, presqu'indistinct.
Le sergent se tait, immobile. Puis, lentement, il penche sa tête à l'angle du mur, lorgnant par-dessus les casiers renversés.
C'est en voyant l'ombre que je le traitais intérieurement d'imbécile... Je voulus crier, mais trop tard : une déflagration résonne et la tête de Wender explose.
Des morceaux d'os, de chair et de cervelle éclaboussent nos visières, dans de petits schploks dégueulasses. Wender bascule en avant, s'affaissant en un angle étrange, se pliant en deux contre les casiers vieillis.
Adieu, sergent.
- Merde !
Je crois bien que c'est Tall qui a hurlé, je ne sais pas vraiment, je n'ai pas vu. Oubliant toutes les règles fondamentales, il bondit sur ses pieds, se montrait à découvert, prêt à en découdre.
Mais c'est une pièce vide qui se dresse devant lui. Par-dessus le cadavre de Wender, il ne voit que les portes closes et une rangée d'étagères cassées. Il s'accroupit, avance lentement, tout doux, la crosse au nez.
J'ai envie de lui siffler haineusement de ne pas faire le mariolle, de revenir, de le tirer en arrière par son gilet de kevlar noir marqué des quatre saintes lettres blanches.
En l'absence de Wender - une absence désormais définitive - la responsabilité du groupe me revenait, d'une part parce que j'étais un des plus anciens, d'autre parce que j'étais caporal. Mais j'avais trop peur d'ouvrir ma gueule à l'instant, de me trahir en faisant du bruit.
J'essayais d'attirer l'attention de Tall à grands gestes frénétiques, mais il ne semble pas me voir. Et c'est ainsi qu'il fait une erreur de bleu. Son genou rencontre une feuille graisseuse et il perd l'équilibre, s'étalant de tout son long. Une rafale bruyante le cloue définitivement au sol.
Je l'entends gargouiller ; son corps tressaute entre les mains de l'agonie.
Nous n'étions pas seuls dans la pièce, et Wender avait payé sa fausse estimation de sa vie. Tall gît désormais près du corps décapité du sergent, inanimé, dans une flaque de sang sirupeux. L'ombre est toujours au mur, déformée par la lumière incertaine.
Cet enfoiré nous guette, fusil au poing.
Il s'est vraisemblablement retranché à l'abri derrière le placard d'étagères moisies, à droite de la pièce. Invisible, perfide.
Je ne parlais pas. Mankowski, Laren et Puller m'interrogent du regard. Hochant du menton, je me lève avec mille précautions, me collant au mur humide.
Ils font de même.
Le kevlar frotte sur le béton, imperceptible. Le coeur au bord des lèvres, je me glisse doucement le long du mur, marchant en crabe.
Le moindre bruit peut nous trahir.
Ce type avait la chance d'être à l'abri, embusqué dans la pièce, alors que nous nous trouvions dans un couloir dépouillé. Il nous fallait impérativement trouver une planque protectrice avant d'envisager de jouer les braves, comme l'avait fait ce connard de Chris Tall.
A quinze mètres de là, alors que le couloir s'incurve sur une série de bureaux délabrés aux verrières grises de cochonneries, j'aperçois un tas de caissons de bois, remplis de lino. Ce que ça fout là, je n'en ais aucune idée, tout ce que j'y vois, c'est notre salut. Si nous arrivons à nous réfugier derrière ce rempart de bois et de lino, le type embusqué dans la pièce ne pourrait plus nous tirer comme des lapins.
Il serait alors forcé de sortir, s'engager dans le couloir et il serait à nous.
J'indiquais le tas de grosses caisses d'un geste minimaliste et m'assurais que tout le monde avait bien compris où je voulais en venir.
Les trois hochent de la tête, et nous nous sommes mis à avancer.
Quinze mètres, ça peut vous paraître très long, parfois.
J'entends presque mon coeur cogner contre ma cage thoracique, brutal, sans pitié. Ne croyez pas qu'ici, on ne connaît pas la peur.
La peur est ma meilleure amie au SWAT, elle m'a bien souvent empêché de commettre des erreurs irréparables. C'est elle qui me permet de rester en vie.
C'est que c'est tenace, le foutu instinct de conservation. Croyez pas qu'il faut être une putain de tête brûlée téméraire pour faire le métier que je fais ; ça, c'est dans les films.
Au SWAT, y'a les vieux agents et les agents audacieux. Cependant, il n'y a jamais de vieux agents audacieux, je vous laisse deviner pourquoi.
Mankowski était celui qui se trouvait le plus près de l'angle duquel nous nous éloignions en silence. L'ombre sur le mur n'est plus là.
Le type est-il parti ?
Non. Je n'avais pas entendu les portes battantes se refermer. Je fus le premier à atteindre la pile de caisses. Les rouleaux de lino, peints de petits motifs débiles, sont à portée de ma main. Je n'ai qu'a tendre le bras pour les toucher. J'entends Puller qui souffle de soulagement.
C'est le moment que choisit l'autre pour déboucher juste en face de nous, à l'angle du mur décrépi que nous venions de quitter. Il s'est bien caché, le connard.
J'eus le meilleur réflexe de tous. Je me jettais sur le côté, me meurtrissant méchament les côtes au sol, pour rouler à l'instant derrière le tas de caissons.
J'entends quelqu'un - peut-être Puller - hurler et tirer.
Un truc lourd tombe sur la caisse, et je vois une main pantelante pendre à quelques centimètres de mon oreille. Puller venait de se faire allonger.
Je voyais presque Laren et Mankowski faire bravement face à l'autre, vraisemblablement refugié au coin tournant du mur. Pauvres imbéciles...
L'échange de coups de feu ne dure qu'une dizaine de secondes.
Une poignée de putains de secondes, durant lesquelles le boyau se remplit du bruit de l'enfer, les murs illuminés de lueurs vivantes, meurtrières.
Puis ce fut le silence.
Total.
J'entends une dernière douille s'écraser au sol.
Cling. Un putain de cling, et c'est fini.
Tous morts. Tous.
Près des caisses derrière lesquelles je suis, je vois Hugo Laren, le torse fleuri de rosaces bordeaux, presqu'invisibles sur le gilet pare-balles.
Pare que-dalle, ouais.
Je ne sais pas quel genre de balles utilise le type, mais kevlar ou pas, elles tuent.
Laren, Puller, Mankowski, "Little Wender", Tall. Tous morts.
Putain de merde.
Le dos appuyé au bois sec des caisses, j'ai du mal à respirer. Mes poumons sont comme comprimés par un poing de fer, et je serre ma Defender contre moi comme un petit enfant le ferait avec une peluche.
Merde, Dwight... Réflechis... Réflechis... Sors-toi de là.
- Ici Foxtrot-Bravo, à Alpha-Leader. Intrus du SWAT liquidés, mon commandant.
Sa voix est étouffée, sûrement par l'épaisseur d'une cagoule. Je sens la sueur me couler sur la joue et dans les yeux.
Je ne bouge pas d'un millimètre.
- Ici Alpha-Leader - répond un grésillement mauvais, peu naturel - Bon boulot, Foxtrot-Bravo.
Foxtrot-Bravo... Attends voir un peu...
Je sens une nouvelle énergie qui pulse en moi. C'est comme une seconde respiration.
Lentement, très lentement, je fais sauter le cran de sécurité du fusil à pompe.
Il a bien dit que les intrus du SWAT étaient liquidés ? Il n'a pas dû me voir...
Je pouvais m'estimer heureux d'être encore en vie. Le Foxtrot-Bravo s'approche à pas lents.
Je sais qu'il est tendu comme un ressort, la démarche souple et silencieuse, la crosse de son automatique enfoncée dans l'épaule.
Malgré toute son application à faire le moins de bruit possible et au sang qui bat dans mes oreilles, je l'entends distinctement approcher.
Je serre les dents, le regard noyé de sueur.
D'un geste lent, je m'essuie les yeux.
Il est tout près.
Je sens sa présence, j'entends le bruissement de son treillis tandis qu'il marche à pas mesurés, précis. Je suis parfaitement calme quand je bondis sur mes pieds.
A cet instant, je sais que seuls les réflexes primaires, bestiaux, comptent.
Il ne m'a pas vu venir, et je lui vide une chevrotine calibre 12 en pleine gueule, à bout portant.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeJeu 30 Juil - 15:59

23h58


La respiration lourde, je m'adosse au mur, les yeux clos.
Le corps de Foxtrot-Bravo s'est affalé sur ceux de Laren et de Mankowski, et près de sa nuque grossit une flaque de sang répugnante.
Il ne lui reste guère plus que sa mâchoire inférieure, et je m'efforce de ne pas trop regarder. Le type portait sûrement un casque semblable au mien, à voir les débris de plexiglas qui se sont éparpillés sur sept mètres.
Je crève de chaud, j'ai l'impression de cuire dans mon propre jus comme une sardine dans sa boîte. J'enlève le casque, que je laisse tomber au sol - il n'a fait que me gêner, de toute manière. Puis, n'y tenant plus, je retire également la cagoule censée résister à a peu près n'importe quoi. Je vais tout de suite mieux, essuyant mon front trempé.
L'air empeste la poudre brûlée, la mort toute fraîche. Des douilles courtaudes, épaisses et dorées jonchent le sol par dizaines. Quatre cadavres gisent au sol, pathétiques, et je n'entends nulle respiration, nul bruit de vie. A l'angle du couloir, dans la pièce, l'halogène tressaute, bourdonne telle une grosse mouche à merde.
Ayant à peu près retrouvé ma lucidité, je trouve le courage de me pencher sur le cadavre de Foxtrot-Bravo pour l'examiner de plus près, me bouchant le nez.
Son uniforme ressemble fortement aux Spetsnatz urbains, de par son treillis clair, alors que j'avais entendu ce salaud s'exprimer dans un anglais irréprochable.
Au détail près, son accoutrement est en tout point semblable à celui du SWAT : gilet, protections, gants, etc.
Un fusil de marque inconnue gît non loin de là, et par pur réflexe, je m'en empare.
Le machin devait peser pas loin des quatre kilos ; c'est beaucoup pour une arme portative. Je le glisse en bandoulière sur mon épaule - une Defender, c'est bien, mais en cas d'échauffourée avec les copains de Foxtrot-Bravo, une automatique, c'est mieux. Je n'ai pas le coeur à prendre une arme sur le corps de mes équipiers.
- Foxtrot-Bravo ? Foxtrot-Bravo ? Ici Alpha-Leader. Répondez.
Maudite radio.
Elle grésille dans une flaque de sang près des jambes de ce pauvre Hugo Laren.
- Alpha-Leader de mes deux - grommelle-je en écrabouillant le réceptacle d'un coup de talon rageur.
Le talkie-walkie explose comme une briquette de jus de d'orange sous la rangers coquée. J'adore les rangers, j'ai l'impression de les avoir portées toute ma vie, et c'est une arme supplémentaire pour défoncer des portes ou des estomacs inopportuns.
Alpha-Leader ne m'emmerderait plus. Quand à moi, je suis dans la merde.
Noire, absolue.
Mon unité avait été massacrée, étendue au sol dans son jus. Je suis coincé dans ce trou puant, cette putain d'usine désaffectée, seul, alors que des types de la trempe de Foxtrot-Bravo se baladaient tranquillement dans les bâtiments défoncés.
Au SWAT, vous n'êtes jamais seul. Sans les copains, je suis sans bras, sans yeux, sans jambes. Je ne suis rien. Au SWAT, vous n'êtes pas un Un, vous êtes un Tout.
Faut pas se faire de films, tout seul, je n'arriverais pas à grand chose. Quand l'halogène grince quinze mètres plus loin, je sursaute.
Une brise fade m'effleure la joue.
Trois ombres se détachent sur un mur sale et lointain, allongées, acerées.
Les portes battantes claquent.
- Foxtrot-Bravo ?
Ah, mauvaise pioche, mec. Il est raide mort, ton copain.
Je commence à reculer précipitament alors que les trois ombres s'allongent, se dirigeant sans aucun doute vers le couloir dans lequel je me trouve.
Sachant que je n'ai absolument aucune chance contre trois types armés, je prends la fuite comme un putain de lapin, m'engageant silencieusement dans les entrailles nauséabondes du bâtiment.

00h07


L'usine est vraiment immense, à ce que j'en vois.
Je parcours les couloirs au pas de loup, Defender aux aguets.
Je m'arrête à chaque angle, à chaque changement de direction, fou d'adrénaline, craignant tomber sur les unités qui ont descendu les pauvres cons de mon équipe. L'air sent le rance, l'humidité glacée entrepose des flaques sales aux pieds des murs.
Tout le long, c'est le même spectacle : un sol au lino déchiré, collant de crasse, jonché de papiers gras et autres saloperies du genre seringues usagées, quelques capotes grisâtres.
Je longe une grande enfilade de fenêtres rectangulaires. La plupart d'entre-elle sont collées de vieux journaux jaunis par le temps, et une seule laisse passer l'air glacial de la nuit, fracassée par un jet de pierre bien placé.
Je m'en approche, me plaquant au maximum à la paroi et y jette un rapide coup d'oeil. De ce côté, le bâtiment donne sur une immense cour intérieure, à moitié plongée dans le noir.
Un réseau de passerelles court en hauteur, enlaçant les murs de brique sale de liens ternes. Une échelle descend le long du mur qui fait face à la fenêtre pétée, à cent mètres de là, peinte d'un jaune terni par les ans.
Un vieux camion, reposant sur ses jantes, se trouve en contre-bas. Et autour, des containeurs, des caisses et du lino, toujours du lino.
Je me demande bien comment je vais sortir de là ; j'ai écrasé ma radio en me planquant derrière les caisses pour échapper à Foxtrot-Bravo. Et je m'éloigne de plus en plus de l'entrée de service...
Je ne veux pas prendre le risque d'aller traîner là-bas pour tomber sur ces connards en treillis blanc et gris. Il devait bien y avoir une autre issue, et Dieu seul sait où elle est.
Le seul plan d'évacuation que j'ai repéré avait disparu sous un graffiti épais clamant FUCK en lettres irrégulières. Fuck, ouais.
Autant pour moi.
Y'a pas une seule putain de lumière qui fonctionne correctement tandis que je me déplace lentement. C'est dangereux. Je n'arrête pas de balayer le sol jonché de déchets de ma Defender pour ne pas glisser sur une canette et d'exploser le crâne sur une bouteille de whiskey vide.
Ce que je vois est désolant : des coursives sombres, des canalisations qui fuient, des meubles renversés, des moniteurs fracassés, des papiers éparpillés comme autant de pellicules un peu partout.
Au sol, ce sont des fioles artisanales de crack crasseuses, des mégots de cigarettes grises, des signes d'une vie malsaine, illégale, souterraine, une vie de rat galeux.
Ca me fout la gerbe, j'ai envie de sortir et inspirer de l'air frais ; je deviens claustrophobe. Il me semble humer une odeur de sang pourri à chaque pas, mais je sais que ce n'est qu'une illusion. Cette odeur me restera bien longtemps dans le nez, après ce que je venais de voir, c'est sûr.
Voilà bien dix minutes que j'erre dans ces boyaux nauséabonds, que j'évite d'écraser des rats peureux et que j'ouvre des portes au pif, prêt à faire feu au moindre truc louche.
Je tombe sur des remises qui puent le renfermé, je pousse des cartons pleins de dossiers inutiles de mes bottes, j'évite au maximum de m'approcher des fenêtres qui ne sont pas opaques. Je tends l'oreille au moindre craquement ou souffle, je sursaute quand les courants d'air font claquer les portes et je me blottis dans la première cachette que je vois, guettant des voix et des bruits de pieds.
Je me sens comme une sale bête traquée.
Je finis par tomber - tout à fait au hasard - sur une cage d'escaliers en béton.
Je m'y engage avec méfiance.
Le ciment suinte d'humidité, l'odeur de moisi me prend à la gorge. Il règne un noir total, là-dedans, un noir glacial qui pue la charogne. J'hésite.
Peut-être me sera-t'il plus aisé d'avancer sur le toit, d'avoir ainsi une vue d'ensemble. Et peut-être trouverais-je une échelle de secours...
Je braque la luminole de la Defender sur les marches et j'y vois un cadavre de rat. L'odeur s'explique en partie.
Je commence à monter, glissant parfois et me rattrapant au dernier moment. Il fait un noir de four, ici. Plus haut, je crois entendre un sémillement de pas, mais j'ai dû rêver.
Les ténèbres sont notre peur de gosses, peuplées de monstres de dessous de lit, d'affreux ogres de nos placards.
Je ne peux m'empêcher de soupirer de soulagement quand je parviens au dernier étage, le troisième. J'emprunte une volée de marches plus étroites qui mènent au toit ; la rambarde est d'un vert passé, et la rouille est nettement visible sous les écailles de la peinture fanée.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeJeu 30 Juil - 16:00

00h20


L'air sur le toit est glacé.
La nuit est encreuse, sans beaucoup d'étoiles. Je me faufile entre les énormes tubes d'aération aux ventilateurs immobiles, contournant les caissons des climatiseurs gigantesques. Le toit est semé d'une couche de graviers, et le givre recouvre les installations comme un glaçage de sucre raté. L'usine est un immense fantôme inerte.
Je soupire un peu plus librement, loin des entrailles puantes de la construction, de son atmosphère grisâtre, étouffante de désordre.
C'est là que j'entends des voix, des bruits encore indistincts.
Je ne m'affole pas, le rafut est lointain, et il vient d'en bas. Prenant le soin de me baisser pour me dissimuler derrière le réseau électrogène flanqué de deux gros blocs de ventilation, je m'approche.
Le gravier gémit, crisse, craque, me meurtrissant les tibias. Entièrement planqué derrière la carcasse en aluminium d'un gros tuyau carré d'aération, j'incline lentement la tête pour voir ce qui se déroule en bas.
Ils sont là, ces fils de pute.
Ils sont une petite dizaine, guère plus. Tous portent la même tenue camouflée blanc, gris, noir, le torse serré par un corset de kevlar. Je ne vois pas leur visage, il est masqué par un casque anti-emeutes noir, plus épais que ceux qu'on a au SWAT.
Ils ne sont pas debout, ils ne parlent pas. Ils sont tous accroupis autour de formes noires, et j'entends des bruits dégueulasses, des bruits de porcherie.
La lumière est faible et je ne vois pas vraiment ce qu'ils font, je ne veux pas le voir. Mais malgré moi, empli de cette fascination morbide propre à l'Humain, je ne peux cesser de les observer. Un d'eux se relève, apparemment satisfait.
Je vois alors la chose en question, méconnaissable, écartelée.
C'est Mankowski.
Étouffant un gémissement d'horreur, je détourne les yeux. J'ai sérieusement la gerbe, le monde tangue légèrement. Je suis sur un putain de bateau en pleine tempête. Je ne suis pas une lopette, loin de là, mais ça...
Putain, mais ils étaient en train de le bouffer comme un foutu rognon !
Les bruits me semblent plus distincts, ce sont des grognements sirupeux, ce sont des bouts de chair qu'on arrache, des os qu'on craque, des muscles qu'on coupe, des veinent qui sautent.
Ce sont des bruits de porcs affamés.
- Bon Dieu de merde - lâche-je.
Je me retire lentement de mon poste d'observation, sûr de lâcher un pâté, et m'adosse au mur du groupe électrique sans prêter attention au panneau "Danger de mort". Cela ne bourdonnait plus, ce groupe électrogène-là est foutu depuis longtemps. Je me suis assis, je me sens piteusement faible, mauviette, et j'ai envie de me boucher les oreilles.
Mankowski... Cette charogne était Mankowski... Ils l'ont traîné dans la cour aux passerelles, et ils l'ont... Ils étaient en train de le bouffer !
J'inspire profondément, essayant de ne pas céder à la panique traîtresse.
- Hé, salut - fait une voix douce.
Je sursaute comme une foutue puce. Mais la surprise vite passée, je bondis sur mes pattes et j'épaule, sans trembler.
Elle est assise sur le conditionneur qui se trouve en face de moi. Malgré le froid polaire, elle n'est vêtue que d'une petite robe blanche sans manches et de sandalettes usées. Elle ne tremble pas, aussi étrange que ça puisse paraître. Je me demande si ce n'est pas une droguée ; je ne vois pas ses pupilles, entièrement fondues dans ses iris noirâtres.
Elle ne bouge pas d'un poil. Ses longs cheveux emmêlés forment un drôle d'aura autour de son visage.
- Qui t'es, toi ? - crache-je, lui pointant le nez de la gueule de la Defender.
Elle me regarde sans ciller ; elle est vraiment jolie, avec ses grands yeux sans fond et ses lèvres bien dessinées. Ca me ferait vraiment chier de faire sauter une si adorable frimousse, mais à sa voix, je sais qu'elle est du même camp que le feu-Foxtrot-Bravo.
- Qu'est-ce que tu fous là, putain ? - l'apostrophe-je une nouvelle fois, accentuant ma question d'un léger mouvement du fusil à pompe.
- Tu vas pas me tirer dessus, dis ? Et puis, si j'étais toi, je ne resterais pas ici. Ils risquent de t'attraper.
Oh, pas gonflée, la gonzesse ! A me donner des ordres alors que je suis à dix centimètres de lui faire sauter le crâne. C'est le monde à l'envers.
Elle doit vraiment être toxico.
- Qu'est-ce qui se passe ici, hein ? C'est qui ces types ? Qu'est-ce qu'ils veulent ?
Mes questions sont pressantes, tendues, je les débite d'un ton hargneux. Elle m'écoute poliment, la tête inclinée comme un petit oiseau, un sourire figé colorant ses lèvres.
Je rêve ou elle se fout de moi ? En quoi avoir une arme sous la gueule peut-il sembler amusant ? Son comportement me désarçonne...
- Il y a une sortie de secours, dans l'annexe. Il te suffit de traverser le hangar, et voilà - déclare-t'elle avec un vague geste vers la droite.
J'y aperçois en effet le toit d'un hangar, blanchi de neige.
Tout doucement, elle se laisse glisser au sol. Je la maintiens toujours en joue, parfaitement conscient que je ne peux l'abattre : la déflagration aurait tôt fait d'ameuter Alpha-Leader et les siens.
- Où est-ce que tu vas, là ? - fis-je d'un ton impérieux.
Elle me regarde comme si je venais de lui demander pourquoi la terre est ronde.
- En bas, bien sûr. Ils vont s'inquiéter s'ils ne me revoient pas.
- Putain, mais qui ça, ils ?
- Tu ne devrais pas rester là.
Et sans plus de cérémonie, elle me tourne le dos et disparaît derrière un transformateur éteint. je reste quelques secondes planté là comme un sombre crétin, avant que la colère ne me submerge. Je revois Wender, Laren, Tall, Puller et Mankowski se faire descendre comme des canards en cage, pissant le sang.
La sortie de secours se trouve dans l'annexe...
Mais vas te faire foutre - pense-je rageusement. Je ne m'en irais pas d'ici avant de savoir ce qui se passe ; pas avant d'avoir allongé tous ces fils de pute.
Accélérant le pas jusqu'à la foulée, j'aperçois la nana qui disparaît derrière une porte, celle d'un escalier menant aux étages inférieurs. Je n'ai nulle envie de quitter le toit, mais je m'y résigne rapidement. J'allais chopper cette pétasse, je la cognerais peut-être un peu pour me passer les nerfs et je la forcerais à me répondre.
D'une manière ou d'une autre.
J'atteins la porte, la poussant de l'épaule. Elle donne sur un escalier étroit semblable à celui que j'ai emprunté pour monter, sauf que celui-ci est faiblement éclairé par des luminoles murales ternes. J'entends ses pas précipités qui descendent - et je m'engage à mon tour dans l'escalier silencieux.
Je n'ai absolument aucune idée où il mène ; j'espère que ce n'est pas un putain de guet-apens.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeJeu 30 Juil - 16:01

00h28


Je me retrouvais dans les ateliers.
C'est un truc immense, une rangée infinie de machines à faire du lino, comme de gigantesques machines de presse bizarroïdes, mortes.
Cela sent la poussière et le plastique mou, des lambeaux de toiles d'araignées ont envahi les mécanismes complexes. Des milliers de rouleaux de linoléum - à carreaux, à petits pois, avec de petits éléphants en veux tu en voilà - s'alignent le long des murs.
Il me semble bien avoir dégringolé de deux étages pour m'être retrouvé là. A huit mètres de haut, j'aperçois les bureaux des chefs d'ateliers, desservis par une passerelle noircie. Il fut une époque où la machinerie hurlait et les lieux grouillaient d'ouvriers, mais c'était loin.
Un silence de tombeau règne ici, et quelque part au loin, j'entends le plic-ploc d'une canalisation percée.
Je la vois alors qu'elle est au pied d'un escalier métallique. Elle m'a vu, et son visage trahit la frayeur, je peux le voir même si je me trouve à bonne distance.
Elle commence à monter ; ses pas résonnent dans le vide dans une cadence mécanique.
- Reste ici - hurle-je, et l'écho me répond.
Je me mets à courir ; je suis bien plus rapide qu'elle. Je la rattrape alors qu'elle s'engage sur la passerelle. Lui saisissant le bras sans douceur, je la force à se retourner, la stoppant net.
- Tu vas me dire ce qui se passe ici, c'est compris ?
Pour appuyer mes paroles, je lui tords le poignet. Un gémissement franchit ses lèvres, elle essaie de se dégager.
Pauvre conne.
- Va t'en... Faut que tu t'en ailles...
Elle commence sérieusement à me casser les couilles. Je l'envoie valdinguer contre une porte à moitié close et elle doit se retenir à l'encadrement pour ne pas tomber.
- Réponds-moi, pétasse !
Je la pousse sans ménagement à l'intérieur de la pièce. C'est un petit bureau quelconque.
Un vieux calendrier de 1992 est accroché au-dessus d'un ordinateur recouvert d'une épaisse couche de poussière. Une rangée de casiers à tiroirs se trouve près de la porte ; certains ont été tirés au sol, comme si on y avait cherché quelque chose, d'autres ont été enfoncés à coups violents dans la structure.
Elle garde le silence.
Je referme violemment la porte dans mon dos, me postant devant pour lui en interdire l'accès. Elle s'est réfugiée derrière le bureau et je la vois frissonner. Elle croise les bras sur sa poitrine menue, comme pour se protéger du froid.
- Tu vois... Faut pas jouer avec moi - lui déclarais-je - Alors, sois gentille... Dis-moi ce qui se passe dans cette foutue usine et je te laisserais peut-être partir.
J'insiste bien sur le peut-être, histoire qu'elle comprenne qu'il ne faut surtout pas qu'elle fasse la maline avec moi ; et que dans le cas présent, c'était moi qui donnais les ordres.
Elle me regarde d'un air buté, s'adossant au mur, ses bras croisés autour d'elle. Ses lèvres serrées ne laissent échapper aucun son.
- Putain t'es bouchée ou quoi ? - m'enervais-je - Y a quoi qui est pas clair dans ce que je te dis, hein ?
Elle baisse la tête, fixant ses orteils.
Mon Dieu... Dites-moi que ce n'est pas vrai !
- Tu... Tu ne devrais vraiment pas rester ici, tu sais - me dit-elle en levant les yeux.
Ah ben voilà qu'elle pleure ! Les bonnes femmes, je vous jure.
- Te fous pas de ma gueule, connasse ! Ces types ont liquidé tous mes potes. Alors, je vais pas te le répeter deux fois...
Je rêve, où elle culpabilise vraiment, à voir son regard ? Elle se dandine sur ses jambes - et quelles jambes ! - mal à l'aise.
- Alors, qui sont ces mecs ?
- Je... - elle se mord la lèvre - Je ne sais pas. Ils ont été gentils avec moi.
Ah ben tiens. J'éclate de rire.
- Tu m'étonnes qu'ils ont été gentils ! T'as dû te faire baiser par Alpha-Leader pour qu'ils te laissent tranquille, hein ?
Je m'approche lentement. Elle évite mon regard, c'est un bon signe.
- Fais pas la conne - je fais encore quelques pas vers elle, et elle semble vouloir se fondre dans le mur - Je sais que si tu réflechis un peu, tu trouveras qui c'est.
Quelques instants passent, en silence.
Elle regarde toujours ses pieds.
- Mais putain, ils sont en train de bouffer mes potes ! Ils les bouffent ! - hurle-je.
Mon cri semble la paniquer. Elle recule, se tassant dans un coin poussièreux. Il est clair que je lui fais peur, et à vrai dire, ce n'est pas pour me déplaire.
Je ne cesse de repenser aux cadavres qui ont été autrefois mes amis, je repense à Burke et Cahill qui se sont faits massacrer alors qu'ils faisaient leur boulot honnetement ; et la haine commence à brûler, la rage, et la certitude que quelqu'un devait payer pour ce qui vient d'arriver...
J'étais sûrement en train de devenir à moitié cinglé, mais c'est une sensation plutôt agréable.
- Il faut bien... - murmure-t'elle, comme pour elle-même.
- Il faut bien quoi ? - l'encourage-je sans sympathie.
Je la domine d'une bonne tête, je la terrifie.
- Il faut bien qu'ils mangent.
Clic-clac-clic, tout ce met en place dans ma tête.
Ma fureur s'allume comme un délire de pyromane.
- Alors c'est ça, hein ?! C'est un putain de guet-apense de cannibales !
Je vocifère. Elle tremble.
- Et l'appel au 911 ?!
Ne pouvant plus me tenir, je lui saisis les épaules, la secouant brutalement.
- Mais bien sûr - m'entends-je cracher - C'était toi, hein ? C'était pour nous attirrer à l'abattoir !
Elle me regarde d'un air démuni, m'attendrissant presque. Mais je revois le cadavre déchiqueté de Mankowski et je sens la colère qui palpite, meurtrière.
- Je... ils m'ont obligée... ils font tout le temps ça... je suis l'appât...
Tout le temps ? Mais merde... D'où sortent-ils ?
- L'appât ? Salope !
Je la giflais, à bout de nerfs. Elle éclate en sanglots, mais je n'en ai pas fini avec elle. Je sais que la frapper ne me servirait à rien, ça ne ramenerait personne à la vie, mais putain, qu'est-ce que ça me faisait du bien de cogner sur quelque chose pour me passer les nerfs.
Je n'y allais pas trop fort tout de même, j'avais bien d'autres projets pour elle. Après lui avoir envoyé quelques uppercuts dans l'estomac, essouflé, je la laisse choir au sol avant de m'appuyer au bureau.
Je l'entends pleurer doucement, mais étrangement, je n'éprouve aucune compassion. C'était elle qui avait permis à ces types de bouffer mes camarades.
- J'e... j'étais obligée - gémit-t'elle - On a... toujours fait... comme ça.
- Ah ouais, toujours ? Depuis combien de temps ?
Je me sentais presque calme. Il y avait quelque chose de rasserenant à la voir recroquevillée au sol, se tordant de douleur.
- Je... je ne sais pas... un an, peut-être...
- Et t'as quel âge ?
- Dix... neuf... je vivais à Greyshound, avant. Dans un squat. Et puis, ils sont arrivés et ils ont tué tout le monde.
- Sauf toi - me moquais-je.
Elle tentait péniblement de se redresser. Moi, je sortis tranquillement une cigarette. Depuis le temps que je la voulais.
Prennant appui aux étagères cassées, elle se met debout, grimaçant de douleur.
- Non... ils m'ont dit que j'étais jolie.
Et ça, c'était diablement vrai.
- Et depuis... je les aide.
- Ouais, tu les aides à bouffer les gens.
Elle s'assied, ramenant ses jambes sous son menton. Elle a vraiment l'air inoffensive. Il fallait vraiment être un fils de pute pour l'exploiter. Je penserais à le faire savoir à Alpha-Leader, avant de le descendre. Elle me regarde de ses grands yeux embués ; je sais qu'elle me déteste.
Ca tombe plutôt bien, en fait...
- Tu m'as fait mal - m'accuse-t'elle.
J'en ai rien à foutre...
- Tu veux que je reccomence ? - grogne-je.
Par dessus son épaule, j'aperçois mon reflet dans la vitre, en demi-teinte. Je fais peur à voir, je suis d'un blanc malade, et la coupe à la tondeuse n'arrange en rien mon air de déterré. La fatigue prematurée à creusé des cernes grises sous mes yeux.
- Non... Ike ne m'a jamais frappé, lui - pleurniche-t'elle.
Je suis soudain plus interressé.
- Ike ? C'était pas le connard que tu cherchais, tout à l'heure ?
- Ssssi...
- Hé bah j'espère pour toi que c'était pas Foxtrot-Bravo, parce que j'ai dû lui réarranger la tronche.
Elle frissone de dégoût.
- Non... Ike, c'est l'Alpha-Leader.
- Ha, le fils de pute !
Son regard est empli d'une peur muette.
- Tu vas pas le tuer, si ?
- Lui et sa bande d'enfoirés ont bouffé mes potes...
Je lui souris, mais c'est un sourire sans joie. Je pose la Defender sur la table, suivie du fusil que j'ai ramassé près de la charogne de Foxtrot. Je prends la peine d'ôter les chargeurs, les posant à bonne distance des armes. Ca m'étonnerait qu'elle sache tenir un fusil correctement, mais on n'est jamais assez prudent.
- S'il te plait... c'était le seul qui a été gentil avec moi... avant...
Ouais, j'imagine ce que ça a dû être, avant. J'ai vu pas mal de squats. Pas drôle, comme vie. Carrément répugnant, même.
- Mais t'inquiètte, moi aussi, je peux être gentil.
Elle me regarde me redresser avec incompréhension.
Quand elle voit que je fais sauter mon ceinturon, un gémissement de terreur se coince dans sa gorge. Elle recule tandis que je l'approche, paniquée.
- Non... Non ! Pas ça ! Pas encore une fois...
Je lui saisis indélicatement un poignet pour ne pas qu'elle recule encore.
- Allez, fais pas ta mijaurée, ma jolie. Tu dois avoir l'habitude.
Je me foutais de la traumatiser, je me foutais de savoir qu'elle en avait déjà assez bavé, tout ce que je voulais, c'était de la sauter, l'humilier. Lui faire payer...
- Je veux pas...
Je sais bien ; c'en est que plus excitant. Je l'envoie valser contre un mur. En se cognant, son dos émet un bruit sourd.
- Remonte ta robe.
- Non... - me supplie-t'elle.
Mes doigts serrent son poignet, menaçant de le casser. Les larmes coulent sur ses joues, fraîches, transparentes.
- Tss, tss. Ne m'oblige pas à te faire mal. Si tu te tiens tranquille, je te laisserais repartir.
C'est évidement faux, mais elle à l'air de me croire.
Bon sang, elle était vraiment naïve...
Je me fais l'effet d'être un gros dégeulasse ; mais merde, elle appartenait à caux qui avaient massacré les miens et de plus... elle était diablement excitante.
- D'ac... d'accord...
Je lâche son poignet, rougi par la prise féroce, et tremblante, elle saisit deux pans de sa robe et les remonte lentement sur ses cuisses. Un bras au mur pour lui couper toute possibilité de retraite, je la regarde faire. Elle a vraiment de jolies jambes, fines et galbées.
- Encore un peu - lui-sussurais-je.
Elle obéit ; je vois presque sa culotte. Je pose ma main sur sa cuisse, je touche ses fesses. Elle se retient de ne pas frissoner, je le vois. Cela fait longtemps que j'ai pas touché de chair aussi ferme, de peau aussi douce.
Elle n'ose pas me regarder, je sens presque son dégoût tandis que je la caresse, et ça me donne envie d'éclater de rire. Je sens la tension dans ses muscles, et quand je glisse mes doigts dans sa culotte, elle fait mine de se dérober, mais je lui saisis le cou, appuyant sur sa jugulaire jusqu'à la faire suffoquer.
- Sois gentille.
Terrorisée, elle hoche de la tête. Je lui adresse un sourire sarcastique. Je retirais ma main et crachais sur mes doigts avant d'en glisser un à l'intérieur d'elle.
Sa respiration s'accélère.
Je sais que la raideur entre mes cuisses qu'elle sent sur sa jambe la fout mal à l'aise, que tout ce que je fais la répugne, et ça m'amuse à un dégré démentiel.
Je lui baisse légèrement la culotte pour accorder plus de liberté de mouvement à ma main, et de l'autre, je lui pétris un sein. Elle a vraiment une poitrine magnifique, j'en salive presque.
- Maintenant, dis-moi...
Je me penche vers elle, la serrant de mon bassin, inclinant la tête pour attrapper son regard.
- Est-ce que tu bouffes toi aussi de la chair humaine ?
Elle avait l'air incapable de me répondre et ça me met en rogne. Je lui pince méchament un flanc et elle se tortille.
- Non... Ike dit que je devrais...
Je lui enfournais un deuxième doigt en ricanant.
- Ah ouais... - je saisis son menton de ma main libre, l'obligeant à lever la tête vers moi - Alors, qu'est-ce que tu manges ?
- De... de la viande crue.
Bon Dieu, je suis vraiment tombé sur une bande de fous furieux. Elle baisse les yeux.
- Tu sais... ils n'ont pas le choix...
Je n'en ai strictement rien à en cirer, ma jolie. Je fais tomber sa culotte à mes pieds. Manoeuvrant ma braguette d'une main, je la maintiens contre moi d'un bras à la taille.
- Dis, comment tu t'appelles ? - m'interroge-t'elle d'une petite voix.
Je réponds par un grognement, la soulevant par les hanches avant de l'empaler sur moi, tout doucement, comme je l'aurais fait avec une de mes copines. Je sens ses mains qui râclent le mur à la recherche d'un appui tandis que je m'impose en elle.
- Dis... - gémit-elle.
Avait-elle mal ? Bizarrement, je me surprends à espèrer que non.
- Qu'est-ce que ça peut te foutre ? - gromelle-je en la tripotant avec l'impatience d'un chien en chaleur.
- Je... j'y arriverais peut-être mieux...
Sa voix tremble. J'imprime de lents mouvements de va et vient à ses hanches, la respiration lourde de plaisir.
- Dwight.
Une de ses mains s'enroule autour d'une barre d'étagères métalliques, se crispant sous la souffrance.
- Ah... tu peux m'embrasser, Dwight ?
Bordel, elle est vraiment folle.
Quelle fille voudrait becqueter son tortionnaire ?
Je m'exécute néanmoins, essayant de ne pas trop lui montrer à quel point ça m'excitait de sentir sa langue, sa salive tiède qui coulait sur son menton et ses lèvres tandis que je lui dévorais la bouche avec la ferveur d'un adolescent.
J'étais en train de dérailler. Je lui mordillais la langue, gentiment, avant de repousser brutalement son visage.
- Stop. Je suis pas là pour te faire des papouilles, pétasse.
Je la violais dans un silence lourd, parfois entrecoupé de ses sanglots à peine contenus.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeJeu 30 Juil - 16:02

01h06


J'allais mieux.
Je m'allumais une cigarette alors que, les cuisses maculées de sperme, elle s'est laissée glisser au sol, le regard vide. La lumière du bureau vaccille.
- Allez, lève-toi - lui ordonnais-je - On va retrouver tes copains.
Elle ne bouge pas d'un poil.
- Mais ils vont te tuer...
J'explosais de rire, rechargeant rapidement la Defender.
- Pas si t'es avec moi. Alpha-Leader ne voudrait pas voir ta jolie gueule voler en éclats, n'est-ce pas ? J'risque rien.
Je m'avançais vers elle, la forçant brutalement à se mettre debout. Elle avait l'air d'être privée de toute volonté, brisée parce qu'elle venait de subir. J'aurais peut-être dû crever de honte, mais ce n'était pas le cas. L'aggripant fermement par un bras à lui coller un hématome, je l'obligeais à me suivre. Nous franchissons la porte, nous engageant dans la passerelle.
- Ils doivent être dans la cour - m'indique-t'elle d'une voix plate.
Je la traîne à ma suite. Son pas est automatique, résigné. Elle renifle de temps en temps.
Je n'y prête guère d'attention, je marche droit devant moi, animé d'une rage fébrile.
Elle trébuche quelquefois, se prenant les pieds dans des planches renversées ou glissant sur un tas de paperasse. Je l'insulte, elle pleurniche, et nous continuons à déambuler dans les couloirs tortueux. Parfois, en passant devant les fenêtres qui n'ont pas été obstruées, j'aperçois la marelle que jette au sol la lune spectrale et j'inspire une goulée d'air pur, glacé, qui ne chlingue pas la pourriture et cela me donne la force de continuer, d'avancer encore.
Le fusil me pèse au dos, me frappant douloureusement le flanc. Je ne sens plus mes doigts à force d'aggriper le bras de la fille.
Nous sommes descendus de la passerelle grinçante, avons traversé les ateliers tels deux fantômes. Le silence est de plomb, de fins tourbillons de poussière se soulevent à chacun de nos pas. Elle m'indique parfois le chemin à suivre d'une voix tremblante, et je l'écoute, l'entraînant dans les profondeurs de l'usine d'une poigne d'acier.
Plus nous descendons vers le rez-de-chaussée, plus l'air se fait lourd, se chargeant des miasmes de l'abandon. Je commençais à en avoir ma dose, la fatigue me pèse comme une enclume, j'ai envie d'en finir au plus vite avec cette histoire de dégenerés.
J'allais buter tous ces types, je plaiderais la légitime défense, je montrerais au FBI les cadavres de mon unité et je rentrerais paisiblement chez moi.
Et là, je m'enverrais un demi-litre de whiskey avec des cheesburgers, je prendrais un bon ray de coke pour faire passer le mal de tête et je m'effondrerais sur le canapé pour m'endormir devant la télévision. Ouais. Joli programme.
Et elle ?
J'aurais pas le coeur à la descendre, c'était sûr. Alors, je la présenterais aux flics comme une junkie qui se serrait trouvée au mauvais endroit au mauvais moment - promis, juré, m'sieur l'agent fédéral ! - et une fois qu'on lui aurait lâché la grappe au commissariat, je lui conseillerais d'oublier toute cette histoire et, vu qu'à priori, elle n'avait plus d'endroit où aller, je l'amenerais gentiment dans mon pieu où je pourrais la sauter en toute légalité.
Un bourreau à tôt fait de se transformer en ange gardien sauveur, vous pouvez me croire.
Nous descendons enfin au rez-de-chaussée du côté est du bâtiment.
Je n'ai pas eu le temps d'explorer cette partie, ainsi la découvrais-je avec méfiance. L'escalier de service miteux débouchait sur le hall d'accueil, plutôt spacieux.
Le présentoir en bois verni était fleuri de tags plus ou moins explicites et le sol, contrairement au reste des locaux, était recouvert de carrellage, dont certaines dalles étaient brisées, fissurées, comme éclatées par des pattes d'éléphant.
Les portes principales, qui ont autrefois dû être automatiques, ont été condamnées par un X en bois mal ajusté.
Cela n'a empêché personne de s'introduire ici, car la petite porte annexe a été tout simplement défoncée, à voir ses carreaux explosés et sa poignée tordue vers le haut. Dans un coin lointain est posé un matelas poisseux de tâches innomables - sécretions de toutes sortes, transpiration, sang, sperme, urine, et à côté se sont éparpillés plusieurs mégots de joints de mauvaise qualité. Ca pue le parc zoologique, ça me soulève le coeur.
Je n'ai plus qu'une envie, celle de sortir.
Après m'être assuré qu'elle n'avait aucune issue possible - je lui barrais l'escalier de service - je lâchais son bras. Elle se frotte la peau endolorie, presque distraite. Elle regarde autour d'elle comme si elle se trouvait dans le couloir de la mort.
- Il faut aller par là - décide-t'elle en m'indiquant la petite porte annexe fracassée.
Je lui saisis les cheveux, les entortillant autour de mes doigts pour m'offrir une prise confortable.
- N'essaie pas de me rouler... Si jamais il arrive un truc de travers, je peux t'assurer que je m'occuperais de toi même si je suis sur le point de crever.
- Je suis incapable de mentir.
Et dans sa bouche délicieuse, ça sonne tellement vrai que j'ai presqu'envie de la croire. Elle avait un air tellement démuni, paraissant être incapable de s'occuper d'elle-même, tel un oisillon tombé du nid. Y'a de quoi exciter l'instinct de prédateur de n'importe qui.
Sur cette brillante réflexion, la tenant toujours par les cheveux, je poussais lentement la porte branlante après m'être assuré que les environs étaient déserts. Une fois dehors, je l'attirais contre moi, plaquant son dos à mon torse et lui entourant le cou d'un bras sans pitié.
De l'autre, je tins la Defender prête à l'emploi sur sa petite personne.
- Allons-y, princesse. Mène-moi à tes copains cannibales.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeJeu 30 Juil - 16:03

01h13


Elle n'a effectivement pas menti.
Nous étions tombés sur la place encombrée de containeurs et de camions rouillés que j'avais lorgné alors que j'étais sur le toit.
Je vis même le cadavre de Mankowski étalé sur le béton, près d'un tas de caisses, la bouche grande ouverte et les tripes à l'air. De ses viscères, il ne reste plus grand chose, d'ailleurs.
Une véritable vision d'horreur.
Et ils sont là. Ils ne bouffent plus, ces enfoirés, ils sont debout, certains appuyés aux containeurs, discutant d'un air détendu. Tout ce qu'il y a de plus civilisé, mais le sang coagulé à noirci certaines parties de leur treillis pâle. Une véritable pause café...
Je vois rougir quelques mégots de cigarettes. Je les compte en vitesse : dix, tout y est. La patrouille de trois qui était tombée sur le cadavre de Foxtrot-Bravo a dû conclure que leur pote avait laissé la moitié de sa tronche sur les murs grâce aux bons soins de mes copains du SWAT. Tant mieux pour moi, tant pis pour ces connards.
Maintenant la nana crispée contre moi comme le Saint Graal, je fais mon entrée à la vue de tous. Ils tirent tous une sale gueule - de ce que je vois sous leurs casques relevés - et ça m'amuse.
- On se calme - leur intime-je en voyant certains se précipiter sur leurs armes, posées sagement sur les caisses.
J'enfonce le canon de la Defender dans le flanc de la fille et les héros d'un soir s'immobilisent. - Je croyais que tous les intrus du SWAT avaient été liquidés - constate paisiblement un militaire resté en retrait.
Aux machins dorés de ses épaules, je reconnais sans peine l'Alpha-Leader. Le genre sûr de soi, arrogant, crâneur. Et nécrophage, qui de plus est.
Pouah.
- Dans ton cul, connard - j'ai l'impression de trembler de haine, mais ce n'est pas certain.
Fallait que je fasse un truc, j'en pouvais plus, il fallait que je me libère. Au nom de Wender, Tall, Puller, Laren, Mankowski, Cahill et Burke.
Faisant basculer la nana d'un croche-pied au sol, j'épaule ma Defender.
Clic-clac, la cartouche qui s'engage, et je presse la détente, visant la gueule invisible de l'Alpha-Leader.
Je me souviens de l'avoir vu exploser, de la panique, des cris - la fille hurlait quelque chose sans discontinuer - du cliquetis des armes qu'on prend. Puis, une silhouette floue se glisse devant moi, rapide et fluide, et je vois la crosse qui brille, violente, s'abattant sur mon crâne dans un craquement nauséeux.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeJeu 30 Juil - 16:04

06h23


La lumière, crue.
Ah, putain, mon crâne.
C'est la première pensée qui me vient à l'esprit alors que je reprends lentement connaissance. Ma conscience semble baigner dans le coton et je me mets instantément à haïr cette sensation de faiblesse. Je cligne des yeux, du porridge à la place du cerveau.
La lumière violente vient d'un plafond blanc et lisse. Je suis allongé.
Et je suis dans une ambulance.
- Hé, mec, ça va ?
L'ambulancier penche sa tête de rate sur moi ; c'est l'un des types que j'ai vus avant d'entrer dans l'usine avec l'équipe, un de ces infirmiers de la Medic Alpha. Essayant de reprendre mes esprits, j'entends les sirènes distantes.
- Merde - fais-je, la bouche pâteuse.
Je sens un truc poisseux sur mon front, sûrement du sang.
Depuis combien de temps suis-je là ? L'ambulancier semble lire dans mes pensées.
- On t'a trouvé au milieu d'une cour, la tronche en sang. Les flics vont pas tarder à boucler le périmètre... Qu'est-ce qui s'est passé ? J'ai vu les cadavres...
Ma vision se défloue lentement.
Je le vois distinctement, lui et sa gueule de fouine, lui et sa maudite blouse blanche. J'ai jamais pû me piffer les barbouses des hôpitaux, allez savoir pourquoi.
Mais là... Il y a quelque chose qui cloche.
Je sens au fond de moi que je hais totalement ce type, sans raison, qu'il ne m'inspire que dégoût et mépris avec son sourire de compassion et ses petits yeux porcins...
La seule chose qui me ferait plaisir à cet instant-là, c'est... Oh, putain.
Hurlant de rage, je le saisis par la tête, le faisant basculer vers moi.
Je ne vois plus rien, un voile sombre est tombé sur ma rétine, mais je sais par instinct où le frapper. Je lui plante les mâchoires dans la jugulaire, je le sens gargouiller et gémir alors que j'élargis la plaie avec mes doigts, déchirant la mémbrane musculaire.
Le sang sort en jets abondants, j'en ais partout, mais je ne peux pas m'arrêter - j'en veux encore, c'est presque comme la coke. Je finis par me calmer, brusquement.
L'autre, la gorge déchiquetée, bascule par-dessus le brancard. Les draps blancs ont rougi, et ça pue le plasma vivant. Je descends lentement.
Je me sens si bien.
Je suis devenu cinglé. J'en suis certain. Je saisis ma Defender posée dans un coin, près du kit de réanimation d'urgence et je m'approche lentement des portes de la Medic Alpha, dont l'une est entrebaillée.
- Hé, Tim ! Il s'est réveillé, l'autre ? Y'a les flics qui veulent l'interroger...
Merde, voilà l'autre ambulancier qui se ramène. Je ne peux me planquer nulle-part quand il ouvre violement les portes du véhicule, à la volée.
- Tim ?
Son regard croise le mien, et il se met à gueuler en voyant le corps de l'autre prostré sur le brancard, ainsi que ma tronche maculée de sang. Je le fais taire d'un coup de chevrotine, repousse sa carcasse d'une impulsion de crosse, et descends de la Medic Alpha.
Se découpant à l'horizon hérissé d'industries chimiques, l'aube pointe ses lueurs malades, crevant les nuages blafards.
- Putain ! Bouge pas !
Un flic - tout jeune, même pour moi, qui n'ais que vingt six ans - me pointe de son arme. Derrière les grilles, je vois d'autres bagnoles qui s'amènent, ainsi qu'une camionette du SWAT. Tiens, tiens...
- Lâche ton arme !
Je lui fais sauter la mâchoire à bout portant. La douille écarlate, fumante, s'écrase à mes pieds. - Hé, vous ! Mains en l'air !
Oh, merde, ils arrivent de partout, ces foutus poulets. Sans demander mon reste, je détale vers les bâtiments les plus proches.
Ceux de la vieille usine à lino.

06h30


J'ai courru quelques instants dans les couloirs, au hasard.
J'halete, mon coeur danse la samba. Je n'en peux plus, mon crâne va exploser. Hors d'haleine, je m'adosse à un mur zebré de moisissure. J'essaie de reprendre ma respiration. L'aube s'insinue jusqu'à moi par les fenêtres opacifiées de papier jaunâtre.
Débouchant de nulle part, hurlant de joie, elle bondit sur moi. Je sens ses mains qui emprisonnent ma nuque, sa bouche avide qui se colle à la mienne. Une de ses mains descend vers mon entrejambe, frottant fievreusement pour me réveiller et je l'entends qui gémit, se pressant contre moi de tout son poids.
- Dwight... Dwight... Tu pues le sang... Le sang, Dwight...
Je la repousse lentement, je crois halluciner. Elle me regarde avec de grands yeux écarquillés. - T'es revenu ! Je le savais ! Tu peux plus partir, maintenant !
Cela semble la transporter de joie, et elle se colle de nouveau à moi, je sens ses mains qui me palpent, avares. Une lueur d'admiration, peut-être, dans son regard sombre.
- On va s'en sortir, tu vas voir... J'ai l'habitude... Ce n'est pas la première fois... Ce n'est pas grave, pour Ike... On va partir...
Elle recule, me laissant un peu pantelant.
Les neuf types en treillis clair débouchent des deux côtés du couloir miteux. Je vois leurs visages, ils ont enlevé leurs casques. Ce sont des visages de ce qu'il y'a de plus humain.
L'un d'eux me tend une main amicale et je fais un pas en avant...

Deux semaines plus tard.
20h34


L'appel fût pris par le Central du deuxième district de la ville de Silverwood.
C'était une petite bourgade tranquille qui pouvait se vanter d'avoir un jour possedé un complexe pétro-chimique en banlieue.
Celui-ci avait malheureusement été condamné par la crise petrolière, et en parallèle, la violence avait sensiblement augmenté à Silverwood.
Le standart du 911 ne désemplissait plus, si bien que le Central devait désormais employer cinq interlocuteurs à plein temps, en plus d'une équipe de nuit.
Ce fût le premier appel de la soirée que prit Eddie Lowcaster.
- 911, je vous écoute.
Il entend des pleurs distincts à l'autre bout de la ligne ; des sanglots déchirants qui lui soulèvent le coeur.
- S'il vous plaît... venez-vite... je vous en supplie... au complexe pétro-chimique abandonné...

FIN.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeSam 1 Aoû - 13:42

J'ai lu la première parti, et j'ai apprécier.
J'ai relevé quelque élément. Je trouve que dire flic sa casse un peu tout, enfin ces juste mon avis personnel. De même pour les injures. Je trouve dommage que tu est tout posté d'un coup. Tu aurai du posté au fur et a mesure, sa aurai donné plus de suspense. Mais sinon a par ceci, j'ai bien aimé. Je lirai la suite bientôt =)
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeSam 1 Aoû - 18:52

La vulgarité est voulue, elle fait partie du personnage. Je comprends que ça puisse déplaire, mais je ne compte pas le changer car c'est un simple exercice de style.
J'ai posté tout d'un seul coup car je suis paresseuse et je n'avais pas l'intention de venir poster un chapitre chaque jour, car je dois m'occuper de mon blog dans le même temps. Voilà, merci de m'avoir lue et j'attends ton avis complet avec impatience.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeDim 2 Aoû - 0:35

Personnellement, la vulgarité de la narration ne m'a pas dérangé. J'ai bien compris qu'elle était voulue. Le problème est que tu ne vas pas au bout de ta démarche : les participes présents, par exemple, ne conviennent pas à un tel langage.
Autre défaut : tu mélanges les temps. Je ne parle pas de la différence entre les premiers chapitres et l'apparition du héros/narrateur, qui est parfaitement possible. Quand on change de narrateur, on peut très bien changer de temps de narration. Je parle bien de mélanges de temps DANS UN MEME CHAPITRE. Ca peut être un effet intéressant : on en a un bel exemple dans Hannibal. Thomas Harris y écrit plusieurs paragraphes -et même des chapitres entiers- au présent, alors que l'essentiel du roman est narré au passé. Son but est de rendre des passages cruciaux plus "proches" du lecteur, un peu comme un réalisateur ferait un ralenti, ou ajouterait une musique... Malheureusement, tes mélanges n'ont pas ce caractère voulu. Fais bien attention au temps que tu emploies.

En dehors de ces défauts -qu'une relecture attentive permettrait de corriger aisément-, ta nouvelle est vraiment réussie. Je te conseille juste d'en poster un épisode -ce sera plus facile pour les correcteurs- dans la section Orthographe, afin que nous puissions éplucher tes fautes.
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitimeDim 2 Aoû - 13:03

Merci...
J'ai toujours eu un sacré problème avec les temps, je l'avoue. C'est ma bête noire depuis 5 ans. C'est à dire que je n'y fais pas forcement attention, dans le feu de l'action. C'est vrai qu'ensuite, ça donne des trucs assez zarb. Je corrige ça le plus vite possible.
Je te remercie d'avoir porté ton attention sur mon texte Very Happy
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MessageSujet: Re: Signal 911   Signal 911 Icon_minitime

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