Le paisible univers des jeunes écrivains en herbe... |
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| [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) | |
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ça vous dirait le prologue de mon roman ? | Oh oui j'adore je veux te lire Tlina | | 18% | [ 2 ] | Bof, après tout si tu veux j'ai du temps à perdre | | 27% | [ 3 ] | Pas d'opinion | | 9% | [ 1 ] | Je veux pas, j'aime pô lire | | 0% | [ 0 ] | J'ai une conjonctivite | | 9% | [ 1 ] | Je suis analphabète | | 9% | [ 1 ] | Et si on parlait de la politique étrangère du Turkménistan ? | | 27% | [ 3 ] |
| Total des votes : 11 | | |
| Auteur | Message |
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Tlina Co-Admin
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : quodam loco in orbi terrae Loisirs : go, lire & écrire (bien sûr), écouter the klaxons, commencer des romans inachevés Date d'inscription : 04/06/2007
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| Sujet: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Sam 16 Juin - 17:04 | |
| Est-ce que ça vous dit de lire un bout de mon roman achevé (le seul) ? Le problème c'est que le début... seul... Ca perd de son sel...
Mais je vous laisse juge, je repasserai dans trois jours...
Dernière édition par le Lun 31 Déc - 13:00, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Sam 16 Juin - 18:16 | |
| Tu aurais dû poster le prologue, et demander si on veut la suite ! Là, on peut pas se faire une idée ! |
| | | Tlina Co-Admin
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : quodam loco in orbi terrae Loisirs : go, lire & écrire (bien sûr), écouter the klaxons, commencer des romans inachevés Date d'inscription : 04/06/2007
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Dim 17 Juin - 12:18 | |
| je sais mais j'aime bien les sondages bêtes ^^ | |
| | | Soso Auteur
Nombre de messages : 508 Age : 33 Localisation : ben là!! Loisirs : découvrir....... Date d'inscription : 16/06/2007
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Lun 18 Juin - 13:00 | |
| Il est chouette ton sondage, je suis analphabête mais mon papa pourra surement me lire ce prologue... alors met-le! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Lun 18 Juin - 13:10 | |
| J'ai du temps à perdre! lol |
| | | Tlina Co-Admin
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Mar 19 Juin - 18:35 | |
| bon allez, je vous mets le prologue de Loriësand, mon roman achevé Prologue – Maï ! – ... – Maï ! – ... – Ma-aï ! L’informe tas de couvertures et de draps consentit à bouger mollement, puis la voix claire de mon cher et affectionné cousin Maï-Nore s’éleva au-dessus de ce monceau d’étoffes, toute alourdie par le sommeil : – ... Lirta ? ... mais... que fais-tu ici ? ... dans ma chambre... à cette heure ? ... Je vous l’accorde, il ne faisait pas encore jour, loin de là ; avec mes perpétuelles insomnies, j’en oublierais presque que certains chanceux arrivent à dormir la nuit. Mais, cette nuit-là, insomnie ou pas, j’avais une bonne raison pour être là, accroupie à côté de ce grand lit à baldaquin dans ces appartements privés qui n’étaient pas les miens, toute occupée à tirer Maï-Nore du sommeil. Mais bien sûr, lui ne le savait pas encore, et râlait paresseusement de sa voix de grand garçon indulgent face à l’exubérance de la gamine qui lui servait de cousine. – Lir, pourrais-tu me laisser tranquille un peu ? ... Aurais-tu encore... du mal à dormir ? ... Va plutôt voir Leynio-Tid... il te donnera un somnifère. À présent, laisse-moi dormir... – Maï, c’est important, soufflai-je à ses oreilles alors qu’il essayait de se rendormir, vautré dans ses draps de soie. – Quand me laisseras-tu tranquille ? grogna-t-il, agacé, sans lever la tête d’au-dessus de son coussin. Le jour où il y aura un roi en Loriësand ou celui où le soleil fondra ? – Maï, énonçai-je calmement, la marque que m’a mise Mosh-Loyr est revenue. – QUOI ?! Il se redressa brusquement, tout à fait réveillé, envoyant valser ses draps loin de lui, alors que, dans la pénombre, je souriais un peu puérilement de devenir soudain le centre de son attention. – Elle est revenue cette nuit, dis-je tout en savourant chaque mot. J’avais des insomnies et je me suis levée pour me rafraîchir un peu, quand j’ai vu la marque sur ma main gauche à la lueur de ma lampe à huile. Il fixait sur moi de grands yeux marron clair incrédules. – Je voulais le... enfin, te le dire... en premier... enfin, je... tu es le frère de Mey, tout de même... et je ne pouvais pas aller voir tout de suite Maël-Darya...bafouillai-je, alors que ce regard semblait me scruter. D’ordinaire, je ne suis pas particulièrement sensible aux regards extérieurs mais celui de Maï paralyse toujours mes mots à l’intérieur de ma gorge. C’est que ses yeux sont si clairs et si lumineux et puis si... Arrête-toi tout de suite, Lirta. Maï est ton cousin ! Au deuxième degré, certes... mais ton cousin. Tiens-t’en à raconter cette histoire au lieu de faire étalage de tes états d’âme. Donc, Maï-Nore balbutia quelques exclamations de surprise et, refermant une bouche béante, il finit par lâcher : – Montre-moi ! Je ne veux pas de faux espoirs. Je créai au bout de mes doigts une étincelle – sans même prononcer la formule “entalameytan izitian” tant ce m’était naturel – que j’introduisis dans la petite lampe à huile qui traînait sur la table de nuit de Maï ; une minuscule flamme s’éleva, diffusant plus de fumée que de lumière, mais cependant suffisante pour écarter la pénombre. Là, devant cette lueur tremblotante, j’ôtai presque solennellement l’unique gant noir que j’avais enfilé sur ma main gauche, et la lui tendit dans un grand geste quelque peu théâtral. Au dos de ma main, profondément inscrite sur ma peau mate, une marque argentée en forme de zigzag vertical au-dessus d’un petit arc de cercle horizontal luisait vaguement. Peut-être était-ce le symbole de quelque caractère sheïan inconnu, mais j’étais plus encline à croire que cette marque était le dessin stylisé de fumée d’encens s’élevant d’une vasque du Culte du Soleil. En tous cas le sens en était très clair, pour Maï comme pour moi. Mais j’y pense, très subtil et clairvoyant lecteur, il n’en est pas de même pour vous, qui n’êtes pas informé de la politique loriësandaise de l’époque ! Il faut que je vous l’explique. Le dix-huit juin de l’année mille quatre cent quinze, lors d’un superbe jour de gel et de verglas, je naquis. Tout le pays était en fête. Ne vous y méprenez pas : le pays n’était pas en fête à cause de ma naissance, mais de celle de ma cousine au deuxième degré, la petite soeur de Maï, la princesse héritière Mey-Maël du Loriësand, née le même jour. C’était le Prince Consort, Nore-Len, qui avait trouvé spirituel d’appeler Mey la soeur de Maï ; il fallut trois semaines aux courtisans pour faire la distinction. Or, à l’époque, un vieux mage pétri de connaissances, assumant la charge de Mage Recteur du Collège de mille quatre cent deux à mille quatre cent quinze, fervent adorateur du Culte du Soleil, ami de feu mon père qui fréquentait le même temple, hantait la cour de la Reine Maël-Darya : il se nommait Mosh, nom peut-être handicapant mais décrivant assez bien son aspect physique, d’après les portraits de lui qu’on m’a montré. Il advint que je sortis du ventre de ma mère exactement douze heures après ma cousine ; et le sage Mosh y vit un signe de l’importance de Mey-Maël sur le destin du Loriësand. Il avait alors tracé, par un sort complexe et pour des raisons qui dépassent sûrement mon humble intelligence, ces deux traits d’argent sur ma main, en déclamant, entre deux formules liathenes et autres incantations : “ Tant que l’Héritière du Trône sera en Loriësand, Lirta-Shen portera cette Marque ; dès que Mey-Maël sortira de ses Terres ou si la Mort l’emporte, ces Traits s’effaceront. Car le Règne de cette enfant sera grand et rude, et elle verra soit la Chute des Hommes et de leur Oeuvre, soit l’Avènement d’une Force nouvelle.” Il lui arrivait de délirer un peu, à ce brave Mosh. À peine deux mois plus tard, on fêtait encore la naissance de Mey quand l’Etat voisin, le Loïke, déclarait la guerre à l’Etat du Loriësand pour posséder le fleuve Layne, riche en paillettes d’or, et voie commerciale de premier plan, à l’ouest du Meyra. La Reine Maël-Darya, Mey sa fille, le Prince Consort Nore-Len de Tionne, le sage Mosh et quelques courtisans, étaient justement en voyage diplomatique dans le port de Mienn, sur le fleuve en question. À la déclaration de guerre, les armées de la ville étaient parties renforcer le point faible de Herko, plus au sud. Maël-Darya et sa garde les avaient accompagnées, laissant la garde de la princesse héritière au sage mage et au Prince Consort. Le fait que la princesse de Loriësand était pratiquement seule dans une ville dégarnie était censé être un secret, mais il dut y avoir des fuites, car une petite troupe de soldats loïkens attaqua la ville exactement le lendemain du départ de la reine. Un des soldats s’introduisit dans la somptueuse résidence où logeait le Prince Consort par un couloir dérobé, surgit dans la chambre de Mey, tua trois servantes et le sage Mosh au passage, s’empara du bébé et disparut comme il était venu, ne laissant comme témoin qu’un valet qui s’était caché derrière un rideau. Le même jour, alors que j’étais à Mekaïna, à l’autre bout du royaume, la marque s’effaça sur ma main, pour ne plus reparaître. Avec la disparition de la princesse, l’attaque de Mienn, comme on l’appela par la suite, fut un désastre pour la couronne royale, même si l’arrivée inopinée d’un bataillon d’alliés méséniens en renfort mit en fuite les assaillants. La guerre contre le Loïke se termina par une demi victoire au goût amer, et la princesse héritière resta introuvable. Au sage Mosh succéda au Collège mon oncle Kor-Ekeyo ; ma mère Shen-Lirye devint première prétendante au trône loriësandais, à quarante-six ans. Le temps passa, et tous croyaient Mey-Maël morte, et moi-même, je partageais cette opinion. Eh bien ! J’avais désormais la preuve irréfutable que tous s’étaient trompés, ce qui est compréhensible, y compris moi, ce qui l’est moins. – Maï, chuchotai-je à l’oreille du grand garçon brun qui triturait ma main comme s’il voulait vérifier que cette marque argentée ne s’évanouirait pas comme un rêve entre ses doigts. Ta soeur, Mey-Maël est vivante. Et elle est en Loriësand. ( Il faut vraiment tout lui expliquer, à ce brave Maï ! ) | |
| | | Fazz Rédacteurs
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Mar 19 Juin - 18:56 | |
| C'est super ! Mais y'a beaucoup (trop ?) de noms (bizarres et compliqués). | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Mar 19 Juin - 22:02 | |
| Je dis pareil que fazz! ^^ Elle est longue, ton histoire achevé? |
| | | Tlina Co-Admin
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Mer 20 Juin - 14:49 | |
| 169 pages A4 police 12
plus une jolie carte ^^ | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Mer 20 Juin - 17:33 | |
| Tu comptes mettre la suite? |
| | | Tlina Co-Admin
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Mer 20 Juin - 18:56 | |
| ça dépend. Vous êtes pour ? Je vous préviens la suite ça devient du concept | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Mer 20 Juin - 21:22 | |
| Du concept? C'est-à-dire? (Oui je suis pour ^^) |
| | | Tlina Co-Admin
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Mer 20 Juin - 22:28 | |
| C'est à dire le récit se divise avec quatre points de vue différents | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Jeu 21 Juin - 19:08 | |
| Ok lol Bah c'est pas grave, met la suite quand même! |
| | | Tlina Co-Admin
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Jeu 21 Juin - 23:13 | |
| Tu l'auras voulu Chapitre 1, partie 1 - Issine - La nuit était obscure à souhait. Issine dressa sa tête hors de la pile de caisses qui formait son unique cachette sur le pont du bateau – pas âme qui vive, lui disaient ses yeux, confirmant les dires de son ouïe. Le navire était amarré à un quai désert de la rive du Layne, côté loriësandais, près des rues vides de Mienn, où, seuls, quelques chats s’agitaient furtivement dans la nuit ; la lune était cachée, et des étoiles, ne brillait que Yerando, l’étoile de l’Ouest que souvent Issine avait fixée de sa petite fenêtre en rêvant au lointain et à l’inconnu. Mais elle n’était plus l’enfant rêveuse de jadis, passant son temps à soupirer à la fenêtre de sa maison dans son village. Elle était seule, seule et libre, libre d’aller où bon lui semblait, de rejoindre ceux qu’elle avait toujours considérés comme son vrai peuple, de recevoir l’enseignement qu’on devait à ses talents. Issine se leva, sûre d’elle, se dressant de toute sa petite taille au-dessus des caisses. Ses cheveux blonds étaient bien trop visibles ainsi, dans la pénombre atténuée par la lumière des lanternes. Il fallait y remédier. La jeune fille se concentra, se remémorant la formule sheïane qu’elle devait prononcer, tandis que l’énergie courait au bout de ses doigts. – Meliana lintiyerenta, murmura-t-elle à plusieurs reprises, tandis que sa peau, ses cheveux et ses vêtements devenaient, pour tout oeil extérieur, couleur de nuit et d’ombre. Issine sourit. Comme d’habitude, le sort fonctionnait à merveille ; l’illusion était parfaite et aucun regard humain non exercé ne pourrait la voir avec ce camouflage. Il fallait désormais savoir où se rendait ce bateau, s’il fallait continuer à s’y cacher ou trouver un autre moyen de quitter le sud-est du Loriësand. Le meilleur moyen d’en savoir plus était de tenter de surprendre des informations. La jeune fille se rapprocha à pas silencieux de la porte de bois qui, conjectura-t-elle, devait donner sur une cabine, éclairée de l’intérieur car il en émanait une lumière continue, à travers le hublot vitré de la porte. Issine se tapit contre le bois, silencieuse, écoutant. – Vous ne resterez donc pas à Mienn, Lore ? demandait une voix grave fortement teintée d’accent du Nord. Ce devait être le capitaine – le Nord, c’était l’embouchure du fleuve Layne dans la mer d’Elnandi, c’était les grands ports marchands de Linya et de Ler, qui commerçaient même hors du continent avec les lointaines contrées du Lerento et du Sarmeya. – Non, Mienn n’est pas une très bonne ville pour les affaires, lui répondit une autre voix, à nouveau celle d’un homme, mais avec un profond accent meyran. Trouver un natif du Meyra ici, sur le fleuve qui servait de frontière à l’est du Loriësand, était peu surprenant. Cependant, qu’il parlât d’affaires montrait d’emblée qu’il était commerçant. – Le commerce est bon en Loriësand et en Mesen, reprit le voyageur, confirmant sans le savoir la déduction d’Issine tapie contre la porte. Je pense pouvoir écouler mon stock avant d’arriver aux ports occidentaux, puis j’embarquerai pour les îles Lorelyne afin d’acheter du poisson et du coton. Ce commerçant allait aux îles occidentales ? Il allait vraiment si loin, si loin à l’Ouest ? Issine devait absolument trouver un moyen de l’y accompagner, de fuir le sud-est, fuir Lekyerno, partir ! – Et vous emmenez la petite ? continua le capitaine à l’intérieur de la cabine. Quelqu’un grogna à l’intérieur ; la petite en question devait assister à la conversation et le terme “petite” semblait peu lui plaire. Mais pourquoi s’attacher à ces détails ? Issine en savait maintenant assez. Le commerçant devait avoir utilisé le bateau pour transporter ses marchandises, et peut-être que celles-ci lui céderaient une petite place. – Kelane est à présent proche d’acquérir son nom secret, poursuivait le marchand de l’autre côté de la porte, mais Issine l’entendait sans écouter. La jeune fille quitta sa cachette pour retourner vers les piles de caisses ; là, elle scruta celles-ci jusqu’à ce que ses yeux perçants aient découvert le nom “Lore” peint sur le bois. Lore, c’était bien le nom du marchand meyran, si Issine en croyait sa mémoire. La caisse était suffisamment accessible, tenue fermée par des clous, mais faire sauter des clous sans instrument, sans bruit et sans s’abîmer les doigts était une des premières choses qu’Issine avait apprises, en autodidacte. Elle “décloua” le couvercle sans que les légères secousses infligées aux bois n’aient alerté un seul des chats qui furetaient dans la nuit. Issine ouvrit la caisse, qui était remplie de précieuses étoffes de fine soie meyrane ; la jeune fille en laissa un ou deux rouleaux pour son confort personnel, et lança les autres par-dessus bord. S’installant dans la caisse, serrant ses jambes osseuses contre sa taille frêle, Issine remit en place le couvercle de l’intérieur et y apposa des sorts de fixation liathens à chaque coin, en répétant la formule : “talienin losekeio”... Encore une chose que l’adolescente avait dû apprendre par elle-même. La caisse ne s’ouvrirait plus, sauf si Issine l’ordonnait ou si une force plus puissante que la sienne s’attaquait à ses quatre sceaux. Le lendemain, Lore le marchand prendrait ses bagages et ses marchandises, et emporterait Issine dans son voyage vers l’Ouest, Issine qui exultait déjà de quitter les rives du Layne, les petits villages perdus du sud-est, pour voir enfin l’inconnu ! Enfin quitter ces menteurs, ces traîtres qui se disaient ses parents... Ils avaient renié les principes de leur peuple, ils lui avaient menti depuis toujours, ils l’avaient privée de ce qui lui était dû par sa naissance... Ils ne méritaient même pas sa haine, seulement son mépris. Ces pensées orageuses maintinrent encore Issine éveillée quelque temps mais, à peine la lumière qui passait à travers les fentes de la caisse annonçait-elle le jour que la jeune fille dormait, ses longs cheveux blonds se mêlant à la soie qui tapissait le bois.(Je sais pas si c'est plus compréhensible ^^) Au fait si vous voyez une faute d'orthographe, vous hurlez | |
| | | Tlina Co-Admin
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Sam 7 Juil - 16:42 | |
| Chapitre 1, partie 2
- KELANE - Le si lent voyage de Herko à Mienn se terminait enfin. La coquille de noix qui avait pris à son bord Lore et Kelane, avait passé toute une journée à effectuer un trajet que d’autres bateaux auraient exécuté en un après-midi. C’était donc le huitième soir depuis leur départ, et il ne restait que trois jours avant le Nouvel An. Autrement dit, Lore et elle n’atteindraient pas Yeïko avant le quatre ou le cinq janvier, à moins de voyager jour et nuit en trouvant un moyen de transport assez rapide pour parcourir la soixantaine de lieues qu’il y avait de Mienn à leur troisième étape. Mais il serait bien temps d’y penser le lendemain matin, quand on déchargerait les caisses de soie sur les quais du petit port. Assise sur un tabouret dans la cabine, Kelane assistait à la conversation “d’adultes” que tenaient Lore et le capitaine, tout en buvant une boisson chaude assez âcre que le loriësandais avait proposée à ses passagers. Meïko-Ren, le capitaine, était un loriësandais de la côte nord, et cela s’entendait assez, aux intonations chantantes qu’il donnait à tous les mots, même aux plus courants, même les plus prosaïques de la langue yônek. Mais la jeune fille n’écoutait que d’une oreille distraite ; elle réfléchissait plutôt à l’étrange façon qu’avaient les habitants du Loriësand d’agencer les noms. Par exemple, le nom de Meïko-Ren était formé d’abord du prénom du capitaine, Meïko, et le suffixe “Ren” accolé à son prénom était le prénom de son père. En Meyra, ce capitaine se serait tout simplement appelé Meïko de telle famille, de tel clan de la Guilde des Marins. Kelane se nommait, elle, Kelane de la famille Sonoke du clan Sheran de la Guilde des Marchands. Tout simplement. Et dire que les loriësandais n’ont même pas de nom secret ! Pendant que la meyrane devisait ainsi en son for intérieur, la conversation parvenait à ses oreilles par intermittences : – Vous ne resterez donc pas à Mienn, Lore ? Kelane ne put s’empêcher d’imaginer aussitôt la réponse du marchand : non, ce n’était pas une très bonne ville pour les affaires, le commerce était bon ailleurs, il pensait pouvoir écouler son stock avant d’atteindre telle ville lointaine, qu’il quitterait aussitôt pour repartir vers telle destination plus lointaine encore. – Non, Mienn n’est pas une très bonne ville pour les affaires. Par contre, le commerce est bon en Loriësand et en Mesen. Je pense pouvoir écouler mon stock avant d’atteindre les ports occidentaux, puis j’embarquerai pour les îles Lorelyne afin d’acheter du poisson et du coton. En réalité, Lore ne comptait pas mettre les pieds en Mesen, mais gagner Tionne, la capitale du Loriësand, située à dix-huit jours de voyage au nord, afin d’y embarquer sur le premier bateau en partance pour l’immense et riche continent de Sarmeya, pour troquer là-bas sa soie contre de l’ivoire et de l’or. Mais, comme il voulait garder le monopole sur ce commerce non déclaré, dont il avait eu seul l’idée, il était préférable d’entourer de secret ses intentions. C’est pourquoi l’administration meyrane avait noté son départ pour le Leyn, les douaniers de Herko le croyaient en route pour le Lera, et ce capitaine le pensait désormais en chemin vers le Mesen. Certes, les trois, en confrontant leurs versions, pourraient découvrir la supercherie, mais vu l’inimitié qui régnait entre les loriësandais, les frontaliers et les habitants du Meyra occidental, le secret tiendrait pour longtemps. Lore méritait vraiment son nom secret : c’était Fenten, le Rusé, nom qu’il avait révélé à Kelane un jour de novembre où elle s’était accoudée, en pleurs, à la rambarde du pont du bateau qui l’éloignait de Molorinn, lors d’un voyage vers les royaumes du sud. – Et vous emmenez la petite ? continuait Meïko-Ren. Kelane ne put réprimer un grognement que ni le capitaine ni Lore n’entendirent. Petite, elle ?... En taille, soit, et encore, uniquement parce que les meyrans étaient plutôt grands en moyenne. Mais, si elle ne pouvait évaluer précisément son âge faute de connaître sa date de naissance exacte, elle savait qu’elle n’avait pas moins de quatorze ans ; donc le terme “petite” n’était plus approprié pour la qualifier. Non, mais, il se prenait pour qui, ce capitaine de petit esquif d’eau douce ? – Kelane est à présent proche du jour où elle acquerra son nom secret, répondit Lore. Elle est, je le crois, assez mûre pour faire de grands voyages. Celle-ci se retint de grimacer. Quel culot, ce Fenten ! Comme s’il ne l’avait pas emmenée courir le monde avant même qu’elle n’ait su lire ! Comme si elle n’avait pas visité le Loïke, le Tlay, l’Oney, et même les îles Yerantaë, situées si loin à l’ouest qu’elles ne figurent même pas sur les cartes d’Esento ! Comme si, depuis l’âge de neuf ans, ce n’était pas elle qui tenait systématiquement les comptes pendant tous leurs voyages ! Lore ne manquait pas d’aplomb. Elle lui en dirait sa façon de penser un de ces jours. – Son nom secret, hein ? reprit le capitaine. Evidemment, il ne pouvait pas concevoir l’utilité du nom secret des meyrans. Peu d’étrangers le pouvaient. Et pourtant c’était, dans un pays où les enfants dotés de pouvoirs se comptaient sur les doigts, la seule protection de type magique dont tous disposaient. Tout le monde possédait un nom secret, en Meyra ; il était attribué à l’âge de quatorze ans et demi, à la suite d’un voyage initiatique dans les campements liathens des montagnes. Seuls les Liatheni pouvaient trouver le nom secret de quelqu’un, grâce à cette sorte d’intuition innée qu’ils avaient envers les êtres vivants de toute espèce. Après la cérémonie d’attribution, celui qui avait été ainsi baptisé et le Liathen qui l’avait nommé étaient les seuls à connaître ce nom. Par la suite, il fallait veiller à ne le révéler qu’aux personnes de confiance, ou qu’en cas extrême. Kelane connaissait tout cela sur le bout des doigts car, une fois terminé leur voyage en Sarmeya, elle recevrait son propre nom secret. Elle était déjà impatiente de le connaître. – Et quel métier elle veut faire plus tard ? continua le capitaine. Kelane cligna des yeux, à mi-chemin entre la surprise et l’indignation. Choisir... un métier ? La croyait-il hors-guilde ? Pour qui la prenait-il ? Le marin dut sentir les regards choqués de ses deux clients peser sur lui, car il se confondit en excuses après un bref temps d’incompréhension. – Pardonnez-moi, Lore... La journée a été longue et je suis un peu fatigué... Je croyais presque parler à des loriësandais. Il se servit un peu nerveusement un verre d’alcool d’un pichet posé sur la table de la cabine, qu’il vida d’un trait, comme pour se remettre d’une vive émotion. Il en proposa un verre à ses passagers, qui refusèrent. – C’est aussi, continua-t-il d’une voix pâteuse, que je n’ai jamais compris le système des guildes meyranes. Cela fera bientôt vingt ans que je fais la navette entre les deux rives sur toute la longueur du fleuve, et les meyrans restent toujours pour moi aussi... enfin, je n’en pense aucun mal, mais... enfin, je ne les comprends toujours pas. Et puis ces guildes. Je me demande toujours ce que vous en tirez comme avantages. Lore ne répondit pas. Meïko-Ren se leva, se dirigea vers un placard au fond de la cabine et en sortit, au milieu d’un fatras de fragments de toile parcheminée, de plumes et d’instruments de navigation, une petite boîte de tabac à priser. – Ici, en Loriësand, reprit-il, chaque jeune a le droit de mener les études qu’il souhaite pour faire le métier qui lui plaira à sa majorité. Bien sûr, il y a des limites. On ne laissera pas quelqu’un qui fera un bon maçon devenir haut fonctionnaire. C’est vrai que les riches ont plus de possibilités que nous autres. Mais bon, tout le monde est libre. – Il doit y avoir beaucoup de désoeuvrés, répondit Lore un peu sèchement. – C’est vrai aussi, admit le capitaine. Vous en voulez ? demanda-t-il en tendant la boîte de tabac au marchand. Si cela était censé radoucir le meyran, devenu d’une froideur absolue envers ce loriësandais borné et gaffeur, Meïko-Ren se fourrait le doigt dans l’oeil. Lore détestait priser. – Les seuls qui ne peuvent pas tellement choisir leur avenir, ici, continua le capitaine après avoir aspiré bruyamment un peu de son tabac, ce sont les reines, et les mages aussi. Les reines sont destinées à régner, de toute manière. Quant aux mages, dès qu’on s’aperçoit qu’un enfant du Loriësand a des dons suffisants, on l’envoie à une Guilde ou à un Collège. Les seules guildes du Loriësand, ce sont les Guildes ou les Collèges des Mages. Le plus important des Collèges de Mages est à Tionne, la capitale. Un jour, j’irai là-bas. Il paraît que c’est la plus belle ville d’Esento, et si on ne m’en avait pas tant conté sur les merveilles du Lerento à l’est, je dirais que c’est la plus belle ville du monde. – Chacun ses goûts, répondit Lore. Bon, il me semble qu’il se fait tard. Il se leva vivement mais sans précipitation, repoussa son tabouret sous la table d’un geste ample, fit signe à Kelane d’en faire autant. – Tenez, dit-il, je vous paye l’argent pour la traversée. Nous passerons la nuit à bord et partirons demain à l’aube. Nous nous occuperons du déchargement des marchandises. Lore déposa froidement une bourse fermée sur la table, qui rendit un son métallique au contact du bois. Meïko-Ren esquissa le geste de l’ouvrir pour compter les pièces, mais le regard glacial du marchand l’arrêta. Cela était à mourir de rire pour Kelane, qui connaissait assez Fenten pour savoir qu’il jouait admirablement le chauvin tranchant et froid devant l’Honneur Bafoué de la Nation. À le voir ainsi poser sa bourse d’un geste à la fois dépourvu d’effets et éloquent dans sa sécheresse, nul ne devinerait toute la ruse, tout le calcul que demandait chacun de ses actes, ni comment l’esprit aux aguets, éveillé, opportuniste du marchand se tenait prêt à sauter sur toute occasion ou à la créer si besoin était. Cet argent, par exemple : déposé durement ainsi, avec froideur et dédain, sa présence semblable à un rempart de mépris entre le donneur et le receveur empêchait ce dernier, premièrement, de retenir inutilement le donneur et de gaspiller du temps en vaines discussions, deuxièmement, de vérifier, gêné par la bassesse de ce geste face à la prestance du donneur, si l’argent donné correspondait effectivement au prix convenu. Kelane avait elle-même conseillé le matin à Lore de restreindre les dépenses en vue du long voyage en Loriësand ; environ le quart des pièces ne devait être que du plomb teinté d’argent. Inutile de gâcher de précieux zeli.
Bien entendu, il fallait que la jeune fille réussît à masquer son hilarité devant la crédulité du capitaine, et elle y arrivait fort bien. Elle se tenait aussi droite et fière que Lore, et ce fut d’une voix aussi sèche et dédaigneuse qu’elle remercia le capitaine, selon un rituel longuement répété avec Fenten. Les deux meyrans sortirent de la cabine pour retourner à leurs couchettes. À peine étaient-ils assez éloignés de la cabine du capitaine qu’ils échangèrent un regard entendu – puis un grand éclat de rire.
Pardon pour le temps que j'ai mis à envoyer la suite ^^ | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Sam 7 Juil - 20:27 | |
| - Citation :
- Bien entendu, il fallait que la jeune fille réussît à masquer son hilarité devant la crédulité du capitaine, et elle y arrivait fort bien.
Je suis pas très douée niveau subjonctif, mais c'est pas "réussisse"? Je te l'ai peut-être déjà dit, mais tu devrais mettre la liste des personnages et des fleuves, pays et autres au fur et à mesure qu'ils apparaissent, parce que je suis complètement pommée! |
| | | Elbereth Auteur
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Sam 7 Juil - 20:31 | |
| si le subjonctif de réussir c'est réussisse | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Sam 7 Juil - 20:33 | |
| Mais ça dépend, parce que y a 4 types de subjonctif! Présent, imparfait, et deux autres que je me souviens plus... |
| | | Elbereth Auteur
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Sam 7 Juil - 20:45 | |
| ouais mais non t'as déjà entendu quelqu'un dire: "il faut que je réussîs"?^^ c'est pas trop français! Et le bescherelle de la conjuguaison est d'accord avec moi.^^
Dernière édition par le Sam 7 Juil - 22:17, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Sam 7 Juil - 21:50 | |
| Si le bescherelle est d'accord avec toi, je m'incline! lol |
| | | Elbereth Auteur
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Sam 7 Juil - 22:04 | |
| | |
| | | Tlina Co-Admin
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Dim 8 Juil - 20:56 | |
| En l'occurrence c'est du subjonctif imparfait, dont les terminaisons c'est "que je réussisse, que tu réussisse, qu'il réussît, que nous réussissions, que vous réussissiez, qu'ils réussissent"
On ne coince pas Tlina sur la grammaire ^^ | |
| | | Elbereth Auteur
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Dim 8 Juil - 21:04 | |
| oui, c'est exact , désolée | |
| | | Tlina Co-Admin
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : quodam loco in orbi terrae Loisirs : go, lire & écrire (bien sûr), écouter the klaxons, commencer des romans inachevés Date d'inscription : 04/06/2007
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| Sujet: Re: [Light Fantasy] Loriësand (mon oeuvre périssable) Lun 23 Juil - 13:14 | |
| Bon je m'y remets un peu ^^
- Eyne - Regyo était parti depuis quelques heures déjà. La nuit finissait, et toute la bande était épuisée par la fuite nocturne devant la milice loïkenne jusqu’à la frontière, mais Lorko refusait obstinément d’éteindre le feu pour dormir avant que Reg ne soit revenu de Mienn. Complètement replié sur lui-même, le Lorko, depuis les accrochages avec les miliciens. Cette fuite lui avait peut-être rappelé celle où sa fille avait été tuée, quelques années plus tôt. Peut-être aussi craignait-il que les Loïkens n’obtiennent l’autorisation de les poursuivre en Loriësand. De ce côté-là, rien à craindre, à ce qu’assurait Larshena. Et elle devait s’y connaître, elle qui avait dirigé la bande pendant des années avant Lorko et s’était souvent réfugiée au nord des montagnes. La bagarre avec la milice avait totalement éparpillé la vingtaine d’hommes que comportait la bande au départ - ce n’était pas tellement que les miliciens avaient capturé ou tué beaucoup de ses membres, mais que chacun avait préféré prendre le large avec sa part de butin - pour ne laisser que le noyau dur de la bande, un petit groupe de six : Lorko, le chef, un bretteur assez dégourdi dans sa spécialité ; Larshena, que tout le monde appelait Lar, archère hors pair, doyenne de la bande du haut de ses cinquante-trois ans, ancienne chef jusqu’à ce que le réseau la destitue au profit de Lorko pour des raisons inconnues ; Regyo, Reg le fureteur, espion, informateur, qui repérait les “clients” pour les petites embuscades lucratives ; Yenko, l’homme de main, Yen aux gros bras, pas fort futé mais assez doué pour massacrer les gêneurs, et c’était tout ce qu’on lui demandait ; Lersyin le comptable, le plus distant de toute la bande, qui tenait les comptes, organisait le butin et payait l’impôt au réseau ; et, enfin, elle, Eyne. Eyne avait conscience de l’infériorité qu’elle avait par son âge sur les autres. Mais de toute la bande, c’était elle, et elle seule, à laquelle le réseau tenait absolument. Depuis des années elle était, avec quelques autres qu’elle connaissait à peine, une source fabuleuse de richesses pour toute l’organisation. Elle possédait quelque chose – un don, un pouvoir qui, grâce à l’entraînement intensif subi pendant toute une partie de son enfance, faisait d’elle une arme d’une force incroyable. Mais ceci ne la mettait pas à l’abri du malaise qui régnait dans l’abri pour berger désigné par Larshena comme la meilleure cachette de ce côté de la frontière. Lorko ruminait sombrement. Yen taillait la massue qui lui servait occasionnellement d’arme, Lersyin répertoriait sur un bout de toile parcheminée les différentes caches du butin. Larshena alimentait le feu, arrangeait les paillasses qui servaient de lit, époussetait la table allègrement. Parfois Eyne se demandait si cet enjouement n’était pas feint uniquement pour énerver le récent chef de bande. Autrefois, Lar avait protesté contre son changement de statut, mais elle n’avait pas eu le choix, les ordres avaient été clairs et le réseau avait des moyens expéditifs de mater les réfractaires dans les bandes affiliées. Alors elle se vengeait ainsi, en ne perdant pas une occasion d’agacer son remplaçant. Larshena ferma l’unique minuscule fenêtre de la pièce et, ne voyant plus aucun prétexte à accomplir quelque tâche tout en affichant une bonne humeur outrée, alla s’asseoir sur sa paillasse, à côté d’Eyne. Elles restèrent un moment sans parler, puis Lar soupira. – Tu sais, Ey, c’est le Loriësand ici, dit-elle. – Oui, répondit la jeune fille, à qui cette information n’apportait rien de spécialement nouveau. – Le Loriësand, c’est un pays de riches, bourré de “clients” pour nous, continua-t-elle. Et puis, c’est un joli pays. Il fait meilleur qu’en Loïke. Décidément, Larshena avait envie d’exhiber une bonne humeur feinte à tout prix, même si cela signifiait échanger des banalités, juste pour faire bisquer Lorko. – Génial, fit Eyne, ironique. – Et tu sais, ma mère est d’ici. Née dans un village frontalier à quelques semaines de voyage d’ici à l’ouest. Toi aussi, tu pourrais être d’ici. Il n’y a que là ou en Lera qu’on rencontre des gens... enfin, des gens qui ont... qui ont un don comme toi. Soudain l’intérêt d’Eyne ne fut plus factice. Elle ? Du Loriësand ? Elle était peut-être dans son propre pays ? – Ah bon ? – Oui... En fait, à ce que je sais, il y a des sortes d’êtres, en Loriësand et en Lera, qui ne sont pas des êtres humains comme nous, si tu vois ce que je veux dire... Ils parlent et ils pensent aussi, et ils nous ressemblent énormément, mais ils ne sont pas humains, tu vois ? – C’est qui, ça ? demanda Eyne. – On les appelle des Liatheni, je crois. Paraîtrait qu’ils seraient en général petits et blonds, et puis leurs oreilles sont plus longues, et leurs yeux surtout, leurs yeux sont bizarres, tu vois ? Au lieu d’avoir, comme tout le monde, un rond coloré sur fond blanc, ils ont des ronds blancs sur fond coloré... Mais j’explique mal, attends. Elle prit un morceau de charbon tombé de l’âtre fumant et traça, sur le sol de pierre claire, deux ovales vides. – Bon, ça, c’est le contour de leurs yeux. Ici (elle fit un petit cercle vide au centre de chaque oeil), c’est leur pupille, d’accord ? Et là (elle noircit tout l’intérieur de l’oeil à part la pupille), c’est le blanc, enfin le noir de leurs yeux. – Et quel rapport avec mon don ? questionna Eyne après avoir assisté froidement à ce petit cours qui lui semblait totalement hors-sujet. Mais Larshena n’eut pas le temps de répondre, car à l’instant entra un Regyo fourbu mais enthousiaste, sur qui se dirigèrent automatiquement tous les regards. – C’est maintenant que tu reviens ? grogna Lorko. – Ai... beaucoup... cherché, haleta Regyo en se laissant tomber sur une chaise. Trouvé... un bon client... juste une petite affaire... mais pour six, ça ira, on l’aura tout seul, comme des grands. Retrouvant peu à peu son souffle, Reg sortit de sa poche un bout de toile parcheminée qu’il approcha de ses petits yeux noirs toujours mouvants. – J’tiens le tuyau d’un marin d’eau douce dont l’capitaine avait pris des passagers sur la rive est du Layne, expliqua-t-il avec précipitation. C’est... un petit marchand meyran, commença-t-il à déchiffrer, chargement de huit caisses de soie du Meyra... accompagné d’un enfant avec une escorte d’un homme... sur la route qui sort de Mienn vers l’ouest... part pour le Mesen. Il plaqua la toile parcheminée sur la table d’un coup sec de ses grandes mains nerveuses, se leva fébrilement et débita sans s’arrêter : – Ces marchands-là c’est bourré de fric ! Je l’ai vu ce gars, c’est un grand maigrichon pas bien musclé, Lore qu’il s’appelle à ce qu’il paraît, et sa fille est trop jeune et trop empâtée pour savoir se battre, l’escorte est que d’un homme, on va se refaire, Lorko, on va se refaire ! – Ou être refaits, dit posément Lersyin sans lever les yeux de son bout de toile. Ce Lore est tristement célèbre dans le réseau. – Tu veux dire quoi, Lersyin ? lâcha Lorko brusquement. Le comptable de la bande posa sa plume calmement avant de répondre : – Il y a deux ans, ce même Lore est arrivé à Sarrow par la mer et dirigeait une assez importante caravane de marchandises diverses, et Regyo nous avait rapporté que ce marchand comptait gagner le Lintë par les terres, n’est-ce pas Reg ? Il devait donc passer par les petites pistes du Loïke, et nous lui avions tendu une immense embuscade par là. Seulement nous attendîmes un jour, deux jours, une semaine, et toujours pas de marchand ni de caravane. En fait il avait lancé de fausses informations pour décourager les pilleurs comme nous, et avait filé sur Segard en Ress pour s’embarquer pour les îles occidentales. – Eh bien, c’est l’occasion de se venger, rétorqua Lorko. Après ça, on ira récupérer le butin caché plus à l’ouest puis on filera vers des endroits où on est pas trop connus au sud-ouest du Loriësand. La carte, Lar. L’archère se leva en maugréant, sortit de sa poche un petit carré de parchemin et le déplia avec une lenteur qui exaspérait Lorko, puis la posa sur la table. – R’gardez, dit le chef de la bande en pointant le doigt vers la carte. Même s’il prend la direction toute opposée il doit sortir de Mienn par la route de Yeïko, à moins qu’il retraverse le fleuve mais alors je vois pas l’intérêt de prendre le bateau. Donc il prend cette route. À un moment ou à un autre il devra passer par la forêt de Mereïde, là. – La route grouille de miliciens loriësandais, rumina Larshena. – Pas dans la forêt, et même s’il y en a on a Yenko et Ey pour s’en occuper. Bon, on l’attaque là et on appelle un revendeur du réseau après, ajouta-t-il en montrant le sifflet qui pendait à son cou. – Et si ça se passe mal ? dit Larshena. – Mais pourquoi tu veux que ça se passe mal, Lar ? Par Noysiyi, on sera à six contre trois ! Et puis il y a Ey. Celle-ci se redressa sur sa paillasse. Elle avait hâte de se remettre au travail. Elle avait à contenir toute une énergie débordante, qui la pressait sans cesse pour être utilisée. Qu’importe si c’était au prix du sang des autres ?
On avait dit une liste des persos et des pays ? Je vous la fais illico !
PERSONNAGES : => ISSINE, entre 14 et 15 ans, originaire du village de Lekyerno, dans le Loïke ? => KELANE, entre 14 et 15 ans, originaire du Meyra ? => EYNE, entre 14 et 15 ans, origine ? on en sait encore moins que pour les autres...
=> La famille royale : Maël-Darya, la cinquantaine, reine du Loriësand. Nore-Len, la cinquantaine, mari de la reine Maël-Darya, Prince Consort du Loriësand. Mey-Maël, 14 ans si elle est encore vivante, princesse et héritière du trône du Loriësand, disparue. Maï-Nore, 16 ans, fils de la reine du Loriësand Lirta-Shen, 14 ans, cousine de la reine du Loriësand.
=> Autres persos : Lore, père adoptif de Kelane. Meïko-Ren, marin loriësandais. Lorko, Larshena, Yenko, Regyo, Lersyin, bandits du nord du Loïke.
PAYS : Le continent se nomme Esento : c'est une grande île, un peu plus grande que l'Australie, dans l'hémisphère sud d'un monde au ciel mauve. Il y a d'autres continents : le Sarmeya au nord et le Lerento à l'est.
Le pays le plus grand, le plus peuplé et le plus riche du continent d'Esento est le LORIÊSAND (capitale : Tionne, villes importantes : Mekaïna, Linya). Ensuite vient le LOÏKE (capitale : Syin, ville importante : Edya), au sud du premier, pays aussi grand mais beaucoup plus pauvre qui est l'ennemi héréditaire du Loriësand. Puis le MEYRA (capitale : Molorinn, ville importante : Ler), à l'est du continent, à la prospérité grandissante, pays où règnent les Guildes. => Dans ces trois pays on parle la même langue, le yônek. A l'extrême sud se situe le LERA (capitale : Harzeïr), pays riche, allié du Loriësand. A l'ouest se trouvent le MESEN (capitale : Oy-Re), déchiré par la guerre civile, et le LEYN (capitale : Loorah), en proie à d'incessantes famines. Au sud-est il y a le TLAY (capitale : Sarrow). A l'extrême-sud on trouve l'ONEY (capitale : Lirbwynn), le LINTE (capitale : Bogahr) et le RESS (capitale : Segard). Enfin, à l'ouest du MESEN, dans la Mer des Iles se trouvent les ILES LORELYNE, et plus à l'ouest encore, les îles YERANTAË (mais elles ne font pas vraiment partie du continent).
Dernière édition par le Ven 27 Juil - 20:10, édité 1 fois | |
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