Carla à lu et relu le dossier Johann. Pas de doute, tout correspond. La désignation des victimes, le mobile pour les meurtres, tout coïncide. Reste à trouver l'erreur qu'à pu commettre le tueur, car malade ou pas, cet homme n'était rien de moins qu'un tueur, c'est tout.
En observant les rapports d'autopsie, les photos des crimes, et les rapports de la scientifique, quelque chose troubla la jeune femme. Tout ces homicides étaient parfaitement exécutés, trop parfaitement selon elle. Les meurtres avaient même un petit quelque chose de rébarbatif. Comme si tout était répété machinalement. Mais ceci n'est pas la marque d'un schizophrène, elle le sait car elle avait déjà eu à faire à ce genre de personnes par le passé. Et autre fait troublant, que s'était-il passé à l'hôpital pour cet enfant pendant son adolescence? Parminot avait de toutes évidence caché certains faits, et il n'y avait rien de mieux pour mettre notre inspecteur hors d'elle.
Elle prit son téléphone et appela le journaliste, lui demandant de venir le plus vite au commissariat. En attendant, elle se dit qu'un thé à la cafétéria ne lui ferait pas de mal.
Après une bonne demi-heure, La représentante de l'ordre essaya de le joindre de nouveau, mais en vain. Tant pis, se dit-elle, elle ira voir ce directeur tout seul. Elle prit donc son arme, un revolver léger, spécialement conçu pour femmes, ainsi qu'un réserve de balles. "Au cas ou", pensa-t-elle. Elle détestait se servir de son arme, mais le fait qu'est la situation pourrait très bien l'exiger.
En sortant du commissariat, toujours aucune trace du journaliste. Un dernier coup de fil avant de partir...Mais toujours rien. Elle n'aura qu'a faire un détour le chercher , voila tout.
Au moment ou la jeune femme introduisit la clé dans la serrure de sa voiture, un homme, plutôt robuste, l'enserra avec un bras, et lui appliqua une gaze pleine de chloroforme au visage. L'effet fut radical, et la pauvre inspectrice dut se résigner au vu de la force herculéenne de son agresseur.
Lorsqu'elle reprit ses esprits, Carla était ligotée, assise sur une chaise en osier. Elle jeta un rapide coup d'œil à la pièce dans laquelle elle se trouvait. Elle ressemblait à une cave. Dans un coin de la pièce, la récurrence d'une goutte d'eau tombant dans une flaque fit monter son stress. Ailleurs un faible faisceau de lumière éclairait la face livide d'un personnage. Mais il ne disait rien, et c'était ça le pire. Seules ces gouttes d'eau meublaient le silence de mort qui régnait ici.
Carla ne savait pas si elle devait hurler ou rester coi. A défaut des deux, elle engagea la conversation:
-B-b-bonjour! Moi c'est Carla, Carla Bukowsky. Enchanté! Vous savez, je suis de la police, ça serait une grave erreur de me garder ici. On viendra me chercher dans peu de temps. Vous êtes Johann, c'est ça? Ou-suis-je? Répondez, s'il vous plait!
-Vous...Vous avez vu mon visage? Demanda le criminel, inquiet selon elle par le ton qu'il utilisa.
Elle se rappela des mots du directeur, et répondit avec le moins de peur que possible dans la voix :
-Non, rassurez-vous je n'ai pas vu votre visage, fit-elle avec un petit sourire nerveux.
Soudain le regard à peu près stable du séquestrant se fit inconstant. Il s'approcha de la jeune femme tout en enfilant un masque, fit craquer les os de son cou. La jeune femme commença à paniquer. Mais ce souffle court n'était pas sans énerver l'homme qui se tenait devant lui. Il se mit à la battre. Chaque coup résonnait dans la pièce. Il s'arrêta au son d'un de ses doigts qui cassa.
Carla respirait avec peine, mais respirait toujours. Elle sentait le sang chaud couler dans sa bouche. Elle toucha ses dents avec sa langue et en fit tomber un morceau. Elle lutta pour lever la tête, voir l'homme qui lui avait fait ça. Mais celui-ci lui mit un coup de poing qui la fit perdre connaissance.
Lorsque Stevenson se réveilla, il était par terre, son téléphone sans cesse en train de sonner. Il reprit ses esprits et se saisit de son portable. Sa boite vocale était pleine. Le message provenait, par chance, du téléphone de Carla, qui n'avait pas eu le temps d'éteindre celui-ci. La fin de message se soldait par un "bonjour moi c'est Carla". Mais le journaliste avait entendu plusieurs bruits de fond. Il remonta donc chez lui interpréter tout ces indices qui pourraient, il l'espère, l'aider;
Son passé de détective privé lui avait permis de se procurer tout le matériel pour analyser les appels téléphoniques.
Des appels pour médecins, des portes à battants qui s'entrechoquent, ça ne pouvait être que ce fameux hôpital psychiatriques qu'ils avaient visité auparavant. Il enfila son imperméable, prit un magnétophone et hella un taxi en bas de son immeuble.
Arrivé à l'hôpital, le journaliste savait qu'il devait redoubler de prudence. Il alluma son magnétophone, et s'introduisit discrètement dans les locaux. L'entrée principale n'était pas surveillée, mais l'intérieur était bondé d'infirmières et autres médecins de garde. Stevenson trouva une blouse avec, par chance, la plaque d'un médecin dessus. Ainsi, il put librement circuler dans les couloirs de l'hôpital. En y déambulant, son œil fut attiré par une porte n'ayant, contrairement aux autres, aucune indication quant au service qui y était proposé. D'une main il ouvrit la porte, de l'autre il serrait fort sa bombe au poivre. Jamais il ne s'était retrouvé dans une situation plus périlleuse. Il commençait à suinter à grosse goutte.
Le couloir s'étendait sur plusieurs centaines de mètres et s'enfonçait dans les sous-sols du bâtiments. Après dix bonnes minutes de marche, il arriva devant une échelle. Par prudence l'investigateur s'arrêta et tendit l'oreille, peut-être s'était-il trompé de chemin. Seules les lumières des portes de secours éclairaient le couloir lugubre. Vite, penser à des choses positives pour ne pas stresser. Mais le pauvre n'en eu pas la chance. Quelqu'un l'avait repéré et put lui asséner un coup assez violent pour l'assommer. A son réveil, il était ligoté.
Il fit un bref état des lieux. Une immense pièce, en sous-sol c'est sur, car comme sur le message de Bukowsky, il entendait les voix des infirmières papoter et les bruits de pas lourds de médecins courant dans les couloirs. Dans un coin se trouvait une autre personne, attachée et inconsciente.
-Carla? Carla, c'est toi? Réponds-moi bon sang! On sentait la panique dans les cris désespérés du journaliste.
Soudain la tête bouge et arrive malgré tout à articuler:
-Peux pas...parler. Trop mal...à...la bouche.
-Bon sang Carla, qu'est ce t'a fait ce salaud?
Mais il n'eut pour réponse qu'un faible gémissement. Soudain la lourde porte en fer, seule issue dans cette pièce, s'ouvrit avec un grincement long et aigu. Deux personnes restaient dans l'ombre.
-Voyons voyons...Un journaliste et une représentante de l'ordre. Ce n'est pas dans tes habitudes Johann... Fit le premier protagoniste.
-Ils...Ils ont osé me chercher. Mais je veux pas faire de mal. Hein professeur j'ai pas fait de mal?!
-Oui mon petit, tu veux guérir c'est tout. Lorsque le professeur parla, il prit son protégé dans ses bras et passa sa main dans ses cheveux.
-Qu'avez vous fait espèce de monstre?! Hurla Stevenson. Vous me dégoutez! Cet homme n'a plus sa tête, c'est dans une prison qu'il devrait être, pas dans un hôpital! Pourquoi ne pas m'avoir emmené directement lorsque vous ou votre "enfant" m'a assommé?
-Pour le plaisir, mon cher Stevenson. Qu'il est plaisant de voir sa future victime espérer en vain trouver le dénouement de la situation. Mais vous ne pouvez pas comprendre, tant votre largeur d'esprit est aussi importante que celle d'un petit pois. Cet enfant à eu une jeunesse difficile, je devais le prendre en main. Et la mort dans tout ça, me diriez vous? N'est ce pas là qu'une libération pour ces jeunes femmes. Leur esprit était peut-être sain, mais leurs corps étaient souillés. Toutes ces femmes étaient des anciennes ou actuelles prostituées, des maquerelles et j'en passe. Je leur ai offert, grâce à ce cher petit, le moyen de sortir de leur existence pathétique et dépravée.
-C'est ça le problème avec les cinglés psychotiques, répondit Stevenson, vous en faites toujours un tas avant de tuer vos investigateurs. Carla, à toi de jouer.
Le professeur se retourna mais déjà Bukowsky avait dégainé son arme de cheville. Elle tire. Johann s'écroule en poussant un cri plaintif. Le professeur le rattrape.
-Non, Johann, ce n'était pas ta faute. Mon petit, mon doux petit. On ne t'a pas compris.
-C'est fini Parminot. Rendez-vous, ça allégera peut-être votre peine de prison.
Le professeur posa délicatement la tête du pauvre garçon qui ne l'avait plus complètement, sortit une seringue, et, avant que Carla n'ai pu l'en empêcher, s'injecta une dose mortelle de poison.
Les deux acolytes se regardèrent un temps, puis dans un silence de mort se libérèrent de leur lien restant, toujours en silence après la scène plus qu'étrange dont ils avaient été victime. Cette affaire, ils le savaient serait dur à digérer...
Carla resta en convalescence plusieurs semaines, sa bouche ayant été agrandie de plusieurs centimètres de chaque côté. Stevenson fit l'article du siècle, mais garda quelques séquelles psychologiques. Notamment ne plus faire d'article sur les hôpitaux psychiatriques. "Trop dangereux" se disait-il.
Rapport de police numéro 00134762
Enquêteur: Carla Bukowsky
Enquête numéro 569
(...) L'individu nommé Johann Fritzburg n'était pas le seul responsable de cette série de meurtre. Il n'y a certes aucune certitude, mais le chef d'établissement,feu docteur Parminot, aurait commandité tout ces assassinats. Il avoue lors d'un enregistrement être lié d'une manière proche au sus-nommé patient. J'ai, en légitime défense, touché mortellement monsieur Fritzburg qui sous les ordres du professeur,aurait pu porter atteinte à notre santé. Ledit professeur à ensuite, au vu des faibles possibilités, sorti une seringue d'un poison et se l'est injecté dans le bras gauche. Le professeur clamait le fait que nous ne les comprenions pas. Mais qu'y avait-il à comprendre à part que tout ça ne venait pas de Johann, mais du professeur qui le manipulait pour assouvir ses desseins. Nous ne pourrons malheureusement pas savoir si c'était Johann ou Parminot qui fesait subir ces sévices sur les jeunes femmes, mais une chose est sûre, justice à plus ou moins été rendue.